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RELIRE GIDDENS. ENTRE SOCIOLOGIE ET POLITIQUE

1.2.3 – Le volet empirique En se fissurant, la sociologie classique laisse place au pluralisme théorique. Dès lors, deux attitudes dominent la recherche empirique en sciences sociales : une attitude positive, prônée par les sympathisants du pluralisme en théorie sociale ; et une attitude négative, adoptée par les chercheurs qui, tout en menant des travaux empiriques, n’accordent pas pour autant la plus grande importance aux fondements théoriques de la recherche. Pour Giddens, l’une et l’autre de ces positions sont contestables ; il réintègre, ici, sa sixième thèse qui insiste sur l’importance du couplage innovation conceptuelle/recherche empirique, fondamental en science sociale. Cette option ouvre des horizons qui n’existent pas dans les perspectives des acteurs non professionnels ; elle révèle, dans un ensemble institutionnel donné, des aspects et des opportunités insoupçonnés. Il fait de nouveau appel à Wright Mills et affirme que, sous peine d’en arriver à un « empirisme dépourvu de réflexion », les théoriciens doivent être attentifs à la recherche empirique. Cette dernière, à son tour, ne peut ignorer les théories 102. Il n’est pas question, pour Giddens, de proposer une théorie générale sans utilité empirique 103. La dernière partie de son livre La constitution de la société 104 est ainsi consacrée aux questions liées à la recherche empirique. Il y fait un rappel des dix prémisses essentielles de sa théorie de la structuration qui, selon lui, sont susceptibles d’éclairer la recherche en sciences sociales 105, à savoir : 1. que les êtres humains sont des acteurs compétents ; ils ont une connaissance remarquable des conditions et des conséquences de ce qu’ils font dans leur vie de tous les jours ; 2. que la compétence des acteurs sociaux est sans cesse limitée, d’une part, par l’inconscient et, de l’autre, par les conditions non reconnues et les conséquences non intentionnelles de l’action ; 3. que l’étude de la vie quotidienne fait partie intégrante de l’analyse de la reproduction des pratiques institutionnalisées ; elle est liée au caractère répétitif du temps réversible ; 4. que la routine est la forme prédominante d’activité sociale accomplie au jour le jour ; les pratiques routinières sont l’expression par excellence de la dualité du structurel, au regard de la continuité de la vie sociale ; 5. que l’étude des contextes, ou de la « contextualité » de l’interaction, est inhérente à celle de la reproduction sociale ; 6. que les identités sociales et les relations concomitantes entre positions et pratiques sont des ‘marques’ dans l’espace-temps virtuel du structurel ; 7. que le terme ‘contrainte’ ne peut avoir une signification unique et unitaire en analyse sociale ;

102. 103. 104. 105.

Ibid., p. 100. Ibid., p. 15. Chapitre 6 de La constitution de la société, p. 344 et s. Ibid., p. 343-346 ; voir aussi Simon ALCOUFFE, op. cit., p. 2, principes répétés encore aux p. 22-23.

DROIT ET SOCIÉTÉ, VOL. 55, 2011

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