Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re - 112

États et marchés financiers

8 % de 2010 à 2013. Et, malgré la crise financière ouverte en 2008, « les
actifs sous gestion et le nombre réel de fonds souverains ont
considérablement augmenté. À la fin de 2013, le portefeuille d'actifs des
69 fonds souverains existants était passé à 6 300 Md$, contre environ
500 Md$ en 1995. Environ un tiers de ces fonds furent lancés entre 2000
et 2013. Les revenus des matières premières, notamment ceux de
l'exploration pétrolière, représentèrent 61 % de leurs actifs, le reste étant
généré par des excédents de balance des paiements ».
Une autre étude83 donne une comparaison intéressante : « en
décembre 2014, près de 7 000 Md$ étaient gérés par les fonds souverains,
un montant trois fois supérieur à celui de 2007 », sachant que « la taille
globale des actifs gérés par les fonds souverains était deux à trois fois plus
importante que celle des fonds spéculatifs (hedge funds), mais beaucoup
moins que celle des fonds de pension (qui représentaient plus de
24 000 Md$ en 2013 selon les données de l'OCDE) ». L'envolée des cours du
pétrole entre 2007 et 2014, ainsi que le prix élevé des minéraux, se sont
traduits par une augmentation considérable des réserves de change des
pays producteurs : cela explique que « sur les 75 fonds répertoriés par le
Sovereign Wealth Fund Institute en décembre 2014, 48 aient été créés après
2000, avec des recettes issues pour la plupart des exportations pétrolières,
gazières ou minières ». La baisse très importante des prix du pétrole, depuis
2014, devait se traduire par une chute des revenus des pays producteurs
d'hydrocarbures, mais les fonds souverains créés par ces pays pouvaient
compenser une partie de leurs pertes.
Alors qu'au XIXe siècle, les théories marxistes de l'impérialisme
dénonçaient la domination des pays occidentaux sur le reste du monde,
avec les économies dites émergentes de la fin du XXe siècle, « les capitaux
ne se déplacent plus principalement du Nord au Sud, mais du Sud au
Nord »84, phénomène historiquement inédit par son ampleur. D'autre part,
alors que la gestion des pétrodollars des années 1970 était déléguée aux
banques occidentales, principalement anglo-saxonnes, désormais, avec les
fonds souverains, les pays « rentiers » gardent une maîtrise directe de leur
argent, même s'ils emploient des experts expatriés85.
Les États occidentaux ont craint de perdre le contrôle de certaines
entreprises stratégiques, du fait des prises de participation de fonds
souverains étrangers. Aux États-Unis, en 1975, avait été créé le
« Committee on Foreign Investments in the United States » (CFIUS) qui était
chargé de passer en revue tous les investissements étrangers que le
Président pouvait empêcher si la sécurité nationale était menacée, mais
83. AOUN M.-C. et BOULANGER Q., « Les nouveaux défis des fonds souverains pétroliers », Note
de l'IFRI, février 2015, en ligne sur le site de l'IFRI.
84. DOCKÈS P., « Les fonds souverains et l'impérialisme d'émergence », Revue d'économie
financière, 2009, p. 27-38.
85. MATOUK J., « De la souveraineté financière », Revue d'économie financière, numéro horssérie 2009, p. 61-72.

112

Table des matières de la publication Systèmes Pratique - États et marchés financiers - 1re