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L’ÉCONOMIE POLITIQUE, MATRICE DES DOCTRINES FINANCIÈRES PUBLIQUES

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un « socialisme honteux »51. Qu’on juge de la violence de la critique à ces mots, parmi les derniers de la notice bibliographique : « que, sans autre titre que celui d’avoir été chargé d’un cours pendant quelques années, un professeur vienne traiter la science comme un jouet, en nier les principes sans les discuter, sans s’appuyer d’une autre autorité que de sa propre affirmation et de son bon plaisir, voilà un procédé qui dépasse tout ce que nous pourrions imaginer »52. 598. Cauwès cristallise sans doute sur sa personne les critiques les plus virulentes de l’establishment libre-échangiste, mais l’hostilité que l’on voit ici à son encontre correspond en réalité à une véritable lame de fond qui va bien au-delà de la question des convictions du professeur parisien. Courcelle-Seneuil publie en 1885 au Journal des économistes un compte rendu du Traité élémentaire d’économie politique et de législation économique d’Edmond Villey, qui enseigne l’économie politique à la faculté de droit de Caen. Le jugement est sévère, mais « si nous comparons le livre de M. Villey à la plupart de ceux qui ont été publiés par ses collègues des diverses facultés, nous trouvons qu’il ne leur est pas inférieur. Il est même préférable à tel d’entre eux qui, écrit avec plus de prétention et de hardiesse, contient un assez grand nombre d’erreurs positives très grosses, très dangereuses et bien affirmées »53. 599. Courcelle-Seneuil est sans doute un des plus intransigeants54 sur ce chapitre, mais précisément, il nous est pour cela plus facile d’identifier chez lui ce qui se trame en réalité ; que conclut-il donc de cette littérature – bien piètre selon lui – commise par les professeurs des facultés de droit ? « En somme, si nous en jugeons par les livres qu’ils ont publiés, nos professeurs d’économie politique agrégés de droit n’ont guère répondu à l’intention du législateur qui a établi leurs chaires. […] Nous regrettons que la lassitude causée par des concours qu’ils ont dû subir et par les habitudes d’esprit qu’ils ont contractées dans leurs études ne leur aient pas permis de se mettre au courant de la science qu’ils ont été chargés d’enseigner »55. Ce qui prend volontiers la forme d’une opposition sur la base de principes – libre-échangisme contre protectionnisme – et qui s’explique volontiers par l’absence de formation spécifique – les enseignants sont des agrégés de droit n’ayant reçu ni subi aucun enseignement d’économie – correspond, on l’entend très bien, à un affrontement autour d’intérêts catégoriels : pour le dire à gros traits, le sérail libreéchangiste qui avait largement agi pour obtenir l’institutionnalisation de l’enseignement de l’économie politique voit cet enseignement lui échapper au profit de gens qui lui sont extérieurs. L’acrimonie, dans une telle situation, se comprend aisément. 600. Du coup, la création en 1887 de la Revue d’économie politique chez Larose et Forcel est particulièrement significative et riche d’enseignements. Dans un contexte où le Journal des économistes apparaît de plus en plus clairement comme l’organe de presse militant d’un groupe de pression, la jeune revue se donne un programme de « neutralité », d’« impartialité absolue » et de « bonne foi ». Il s’agit
51. Idem. 52. Idem, p. 329. 53. Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, Compte rendu du Traité élémentaire d’économie politique et de législation économique de M. Villey, Journal des économistes, août 1885, p. 303. 54. Baudrillard, on l’a vu, est beaucoup plus accommodant par exemple. Par ailleurs, il existe toute une tendance chez les libéraux, dans la veine de Bastiat, profondément optimiste qui considère que les lois économiques, fortes de leur vérité naturelle, s’imposeront même au plus ignorant et au moins bienveillant des enseignants. 55. Jean-Gustave Courcelle-Seneuil, Compte rendu du Traité élémentaire d’économie politique et de législation économique de M. Villey, Journal des économistes, août 1885, p. 304.

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