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LES DOCTRINES FINANCIÈRES PUBLIQUES EN FRANCE AU XIXe SIÈCLE

1093. On comprend donc que les interrelations entre les différentes composantes techniques disponibles constituent la structure d’un système en équilibre fortement dépendant de l’ensemble de son contexte global. Dès lors, toute innovation technique se présente sous la forme d’une cause de déséquilibre de l’ensemble. 1094. Logiquement, pour retrouver une position d’équilibre, le système technique va engendrer d’autres innovations, tirant profit de la première. De cela il résulte, d’une part, que les évolutions techniques s’inscrivent dans la durée, survenant en quelque sorte en grappes autour d’un événement ayant déstabilisé la configuration technique globale ; d’autre part, il n’y a pas véritablement d’inventions, les inventeurs étant surtout des esprits précurseurs ayant eu les premiers l’idée de combiner ensemble des techniques déjà existantes et maîtrisées. Si l’on ne peut nier qu’il y a du génie, on comprend surtout qu’une invention s’explique – et partant explique – son époque. 1095. Il en est, par exemple, allé ainsi de la presse Gutenberg, que l’on voit apparaître en Europe occidentale à partir du milieu du xve siècle et qui opère pour la première fois la combinaison harmonieuse de techniques d’impression déjà existantes64. Gutenberg marque ainsi le coup d’envoi de l’imprimerie typographique qui sera, jusqu’à la jonction entre le xixe et le xxe siècle, quasiment la seule technique d’impression ; mais précisément, les évolutions techniques permettent qu’apparaissent à la fin du xixe siècle l’héliographie et, surtout, l’offset65 qui deviendra, par la suite, au xxe siècle, la technique d’impression de prédilection pour les gros tirages. 1096. Au début de xixe siècle, l’atelier typographique n’est pas très différent de ce qu’il était à l’époque de Gutenberg ; comme le souligne Maurice Audin : « c’est dire que la technique typographique n’a pas beaucoup évolué durant quatre siècles »66. D’ailleurs, avec le xixe siècle s’ouvre ce qu’on appelle communément « la seconde révolution du livre ». 1097. La transformation des matériaux des presses, leur mécanisation, l’invention des presses rotatives pour la presse quotidienne qui se développe… L’histoire n’a pas été linéaire et souvent, pour qu’une technique s’impose, il aura
domestication d’animaux de trait : comme la voiture ne se conçoit pas sans la route, la roue ne se conçoit pas sans l’animal. Et le passage infranchissable du jouet à une utilisation fonctionnelle de la roue rappelle l’éolipile de Héron d’Alexandrie et l’impossibilité de son application à la machine à vapeur dans un système technique grec insuffisamment mûr pour l’accueillir. » (Bruno Jacomy, Une histoire des techniques, Éditions du Seuil, Points. Sciences, 1990, p. 110-112). 64. Cet exemple illustre par ailleurs très bien l’interdépendance entre un dispositif technique et l’environnement duquel il est partie intégrante. On retrouve des traces avérées d’impression grâce à des types mobiles et métalliques en Chine dès la moitié du XIe siècle. La diffusion de cette technique vers l’Occident est bloquée en terre d’Islam où on éprouve un problème théologique à reproduire par des moyens mécaniques les textes sacrés. Gutenberg, dans le fond, en ayant l’idée de combiner des techniques disponibles – xylographie, métallographie… – pour fabriquer la première presse typographique de l’histoire occidentale, met au jour un procédé qui avait déjà prospéré ailleurs dans le monde – mais qu’il ignorait… 65. La typologie entre ces trois familles de techniques d’impression s’articule autour des différentes zones d’affinité de l’encre sur la forme imprimante : les zones de creux pour la photogravure – et ses ancêtres, héliogravure, eau-forte… –, les zones de relief pour la typographie, les zones sans différence de niveau pour l’offset. 66. Maurice Audin, « Imprimerie », in Histoire générale des techniques, t. 2 : Les premières étapes du machinisme, XVe-XVIIIe siècle, Maurice Daumas (dir.), PUF, 1968, rééd. Quadrige, 1996, p. 667.

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