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TRANSFORMATION ET APPROFONDISSEMENTS DES MISSIONS DE L’ÉTAT

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1413. L’aristocratie a clairement perdu le contrôle sur le pouvoir politique, même si ses modes de vie (forte domesticité, propriété foncière…) constituent des modèles pour une certaine fraction de la haute bourgeoisie qui, elle, a vu son influence croître avec le siècle. Elle présente, en réalité, des profils assez variés, puisqu’on y rattache des notables, riches propriétaires terriens – se partageant la propriété foncière avec l’ancienne noblesse, et la haute bourgeoisie ayant prospéré tout particulièrement dans l’industrie, la banque, la haute fonction publique. « Depuis le milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie peut être considérée comme la véritable classe dirigeante »52. Cette montée en puissance s’étend aux couches plus inférieures de la bourgeoisie sans que les ralentissements économiques ne parviennent à endiguer cette dynamique ; de fait, la « grande bourgeoisie qui a monopolisé le pouvoir politique jusqu’à la fin des années 1870, a dû céder la place, après cette date, aux représentants des catégories moins fortunées »53. Ceci étant, le seul parcours politique de Léon Say devrait suffire à comprendre qu’elle garde une fort bonne représentation politique. 1414. Quant au monde rural, il est resté pendant les deux premiers tiers du siècle, assez peu impacté, dans ses modalités sociales, par les changements sociaux qui s’opéraient autour de lui, à la ville et dans la proximité du pouvoir. La transformation commence à s’opérer précisément dans le dernier tiers du siècle. En effet, cette période « a toutefois été marquée par un sensible changement dans l’existence et dans la mentalité des populations rurales. Le développement des chemins de fer, la diffusion de la presse de l’enseignement primaire, le service militaire obligatoire qui met les jeunes ruraux en contact avec d’autres horizons et avec d’autres milieux, l’émigration temporaire du travail, ouvrent les campagnes à de nouvelles influences »54. 1415. Comme nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer, la population active continue de croître pendant la longue stagnation, mais cette croissance ne profite que peu, comme on l’a dit, au secteur industriel. Comme le relève Claude Thélot55, la population active dans l’industrie et le bâtiment croît en moyenne de 1,1 % par an entre 1851 et 1866 ; de 1866 à 1911, ce chiffre tombe à 0,6 %. Les données chiffrées de l’évolution de la population active par secteur d’activité économique montrent d’ailleurs qu’à partir de la deuxième moitié du xixe siècle le secteur tertiaire se développe rapidement en France : la croissance de la population active qui travaille se fixe à 1,5 % de moyenne annuelle entre 1851 et 1866 ; valeur qui tombe à 1 % entre 1866 et 1896 et à 0,9 % entre 1896 et 1911. Que ce soit dans le secteur industriel ou dans celui des services on observe bien un ralentissement de la croissance – de la population active – pendant le dernier tiers du siècle ; mais on observe aussi que le secteur industriel subi cette baisse de manière plus conséquente. 1416. Ces chiffres ne doivent cependant pas donner une impression trop négative. Claude Thélot a mis en rapport l’accroissement annuel du nombre d’actifs
52. Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, 1900-1930, Éd. Complexe, 1999, chapitre 2, p. 119. 53. Idem. 54. Serge Berstein et Pierre Milza, Histoire de la France au XXe siècle, 1900-1930, Éd. Complexe, 1999, Chapitre 2, p. 126. 55. Claude Thélot, « La population active pendant la longue stagnation », in La longue stagnation en France – L’autre grande dépression, 1873-1897, Yves Breton, Albert Broder, Michel Lutfalla (dir.), Economica, 1997, p. 133.

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