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LES IDÉOLOGIES AU FONDEMENT DES DOCTRINES FINANCIÈRES PUBLIQUES

que, au fond, la démarche est simple : être a priori le moins influencé possible par ses convictions, pour se forger le plus scientifiquement possible une opinion, une idée : voilà l’objectivité mise au service de la subjectivité, mise en application astucieuse de l’alliance entre l’expert et le politique.

§ 2. DES HOMMES, DES PARCOURS MÊLANT
TECHNIQUE ET POLITIQUE

210. Si la figure de l’universitaire est tardive en finances publiques, c’est que ce n’est qu’à la toute fin du xixe siècle que l’on commença à les enseigner à l’université. Les profils des auteurs, avant que l’universitaire ne s’impose, tendent plutôt à mêler dans des assemblages variables, expérience administrative, engagement politique et activités d’enseignement. 211. On sait que Paul Leroy-Beaulieu, associé dès l’origine à l’École libre des sciences politiques fondée en 1871 par Émile Boutmy, y assura le cours de finances publiques de janvier 1872 à 188038. La publication en 1877 de la première édition de son Traité de la science des finances s’inscrit logiquement dans le cadre de son enseignement. 212. Paul Leroy-Beaulieu « a une formation littéraire. Il a étudié à Bonn en Allemagne et en est revenu avec la conviction qu’il faut remodeler l’enseignement de l’économie pour lui donner un tour à la fois plus pratique et plus idéologique »39. On peut donc dire qu’il n’a pas un simple profil de financier public ; son profil est beaucoup plus riche car à l’origine sa formation est autre. Cela se traduit par sa volonté de mêler pratique et idéologie, technique et politique. 213. Après 1880, son cours à l’École libre des sciences politiques est repris par Alfred de Foville, puis René de Laboulaye, Léon Say et enfin René Stourm en 1884. 214. On peut faire s’agissant de Léon Say un constat semblable à celui fait pour Paul Leroy-Beaulieu. Léon Say n’est pas un pur universitaire, certes. Il n’assure ce cours à l’École que pendant une année. Léon Say est un membre éminent néanmoins de la doctrine financière du xixe siècle. Or il est important de noter que c’est un personnage qui a également eu une activité politique de haut niveau, le conduisant à mettre en œuvre les techniques financières : il fut en effet ministre des Finances de 1872 à 1873 puis de 1875 à 1879. Il est devenu membre de l’Académie française en 1886, dix ans avant sa mort. On retrouve donc dans son parcours à lui également, grâce à la diversité de son profil, cette alliance très significative de l’expert et du politique. 215. René Stourm, qui assuma après lui et pour de nombreuses années le cours de finances publiques à l’École était, quant à lui, Inspecteur des Finances, et de 1913 à sa mort en 1917 Secrétaire perpétuel à l’Institut de France.

38. Cf. Pierre Lavigne, « Le centenaire de l’enseignement des finances publiques dans les Facultés de droit françaises (Décret du 24 juillet 1889) » in Revue française de Finances publiques, N° 28, décembre 1989. 39. Jean-Marc Daniel, « Économie, Enseignement de l’ » in Encyclopaedia Universalis.

http://www.38.Cf

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