Bibliothèque de finances publiques et fiscalité - Les doctrines financières publiques en France au XIXe siècle -1 - 73

LES IDÉOLOGIES AU FONDEMENT DES DOCTRINES FINANCIÈRES PUBLIQUES

SOUS-SECTION 2 LA CONSTITUTION DE BASES DOCUMENTAIRES
251. Ainsi qu’on le comprend intuitivement et ainsi qu’il découle, implicitement mais nécessairement, de ce qui précède, on ne saurait imaginer un travail sérieux à prétention scientifique en finances publiques sans un solide soubassement de références et de documents. 252. De la manière qu’on a relevé que l’histoire se construisait en discipline scientifique en donnant une fonction essentielle au document, on peut observer un mouvement comparable en finances publiques. Cette évolution est inhérente aux transformations de forme et de méthode qui affectent les écrits financiers publics. 253. Concrètement, elle se perçoit à un double niveau. Tout d’abord, l’histoire des finances publiques fait l’objet d’un intérêt tout particulier et l’objet d’une production importante. Par ailleurs, la production doctrinale financière publique contribue, en cette fin de xixe siècle, à enrichir le corpus de références disponibles pour qui voudrait, à l’avenir, étudier cette discipline.

§ 1. LE DÉVELOPPEMENT DE L’HISTOIRE FINANCIÈRE
254. Si l’on observe un goût certain pour l’histoire financière dans les écrits du xixe siècle, ce n’est pas seulement pour lui-même que ce phénomène est intéressant. Il est aussi révélateur d’une façon d’appréhender la matière qui voudrait se distancier de la pure approche technicienne pour lui donner une épaisseur conceptuelle. Or, une telle opération a beaucoup à gagner à penser l’épaisseur historique des réalités financières. 255. Mais même irréductible à de la technique, la science financière est fondamentalement technique : le dire, en parlant du xixe siècle, est un véritable truisme. Où et comment s’élabore-t-elle ? 256. Aussi à côté d’une littérature plus spécialement historique, comme cette Étude historique sur l’organisation financière de la France d’Octave Noël (1881), on trouve notamment de nombreux ouvrages de René Stourm. Ainsi ses Finances de l’Ancien Régime et de la Révolution paru en 1885, suivi de l’ouvrage Les finances du Consulat en 1902. En fait, dès 1880, Stourm avait publié un ouvrage, de dimension certes assez modeste – un peu moins d’une centaine de pages, sur les origines du système financier actuel dans lequel il étudie les réformes des années de l’immédiat après Révolution et le travail de réorganisation opéré à cette époque afin d’en relativiser la portée – et surtout la pertinence ! – : « le système financier que nous possédons a une autre origine que celle de la Révolution : il est l’œuvre lente et progressive des gouvernements réguliers qui lui ont succédés »48. Stourm montre dans ce petit ouvrage comment – précisément – l’idéologie et l’application dogmatique de principes – il affirme à plusieurs reprises sa propre neutralité dans cet opuscule – a conduit la Révolution à ouvrir une période de désordre financier qui se refermera avec le Consulat et dont les conséquences se feront sentir pendant de nombreuses années.
48. R. Stourm, Les origines du système financier actuel, 1880, p. 6.

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