Contextes - Histoire des manuels de droit - 146

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Comment intRoDuiRe Au DRoit DAnS LeS mAnueLS ?

petits ouvrages. Les vertus pédagogiques de cette distinction ne doivent
pas dissimuler qu'elle aboutit à mettre sur le même plan, à l'aide d'un
balancement trompeur, des éléments qui se situent sur des plans radicalement différents - celui du discours sur le droit, dominant dans la première
partie (qu'est-ce que le droit ? Quels sont ses rapports avec les autres règles
sociales ?) et celui du discours du droit, qui remplit quasiment toute la
seconde partie (qu'est-ce qu'une personne ? Comment prouve-t-on un
droit ?). Du reste, quel que soit le plan adopté, aucun manuel d'introduction ne se présente, comme on pourrait s'y attendre pour une matière
aussi ouverte et aussi hétérogène, comme une série de « leçons »48 visant à
faire réfléchir les étudiants sur les différents problèmes de l'organisation
juridique du monde. Dans tous les cas, les questions seront présentées
selon un plan construit, à la française, en parties et en sous-parties, mêlant
de manière plus moins artificielle des éléments de droit privé positif et
des réflexions générales sur le droit - même si certains auteurs prennent
heureusement un soin particulier à distinguer les types de discours49. D'une
manière générale, la plupart des ouvrages continuent d'être conçus comme
la présentation ordonnée des éléments clés d'un système positif, destinés à
permettre aux étudiants de se repérer à l'intérieur de ce système. on peut
ici hasarder une comparaison avec le guide qui fait visiter un château : dans
la plupart des ouvrages, on quitte très vite les explications que ce guide
donne, avant d'entrer, sur l'historique du bâtiment, sa raison d'être, son
architecture, la comparaison avec d'autres monuments ; on est très vite à
l'intérieur du château, au moment où le guide vous commente le plan pour
vous montrer où sont les différentes pièces et comment on passe de l'une
à l'autre. Bien sûr, depuis la fin du XiXe siècle, le château a été largement
réaménagé, et, à la première visite, on ne découvre plus les mêmes pièces,
mais l'esprit de la visite est toujours le même. Si on revient à Capitant et à
son manuel d'introduction, on dira qu'on ne parle plus des mêmes choses,
mais que la manière d'en parler et la conception du droit qu'elle véhicule
auprès des étudiants, n'a, elle, sans doute pas fondamentalement changé.

48. Le manuel de H., L. et J. Mazeaud et F. Chabas, Leçons de droit civil, t. 1,
Introduction à l'étude du droit, 12e ed., Paris, montchrestien, 2000, constitue un trompeur
contre-exemple : le découpage en leçons, commun à tous les ouvrages de la série, correspond
uniquement à une division pédagogique en unités temporelles de cours, et se superpose à
une présentation systématique de la matière en titres, chapitres, sections...
49. Voir not. P. Deumier, op. cit. n° 4 qui distingue clairement l'approche de sa première
partie, qui « tente de comprendre le phénomène juridique dans son ensemble et utilise à
l'occasion le droit positif dans ses grands traits, comme illustrations » et celle de sa seconde
partie, qui a pour objet la présentation des solutions du droit positif.

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