Contextes - Histoire des manuels de droit - 166

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LA RÉCePtion De nouVeAuX CHAmPS Du DRoit

du droit criminel. Les erreurs et les dangers de l'anthropologie criminelle sont ainsi dénoncés dans une série d'articles, d'ouvrages ou lors de
communications dans les congrès savants. Considérée comme un ramassis
de préjugés sans ordre ni méthode, la criminologie est ravalée au rang « de
vaines élucubrations de physiologie, de psychologie, de psychiatrie » qui
aspirent à « se substituer à la science du criminaliste pour régler ce qui a
rapport à la répression des crimes et des délits ». or, poursuit un auteur
critique écrivant dans la Revue pénitentiaire, « les plus graves problèmes
du droit criminel sont tranchés hardiment par ceux qui en ignorent les
premiers éléments » de sorte « qu'à envisager la question du droit pénal par
le biais de l'étude du phénomène criminel « il résulte des confusions déplorables et par suite un chaos d'idées où risquent de se perdre les fondements
les plus essentiels de la justice humaine »3.
L'audacieuse doctrine de Lombroso sur les types-criminels sera par
conséquent perçue par une partie de l'école et du palais comme un corps
étranger qu'une improbable greffe ne pourra agréger au domaine traditionnel du droit pénal. néanmoins, cette position pleine d'assurance pour
assurer l'inviolabilité des principes libéraux à la base de la science juridique
ne peut ignorer que le vers est déjà dans le fruit et que la rouille de la criminologie corrode inlassablement depuis une dizaine d'années les tenants
de la responsabilité pénale. Car en effet, la criminologie attire et suscite
la curiosité autant qu'elle scandalise par ses idées troubles. traçant une
route parmi les observations à peine argumentées et les documents amassés
pêle-mêle par Lombroso, Gabriel tarde va par exemple considérablement
infléchir le caractère approximatif des déductions anthropologiques en
substituant à l'élément individuel et biologique les références au milieu
social et aux conditions économiques générales. Ainsi, naîtra sur les
intuitions déterministes de l'école positiviste la sociologie criminelle
qui consacrera le milieu social comme « le bouillon de culture » faisant
fermenter le microbe de la criminalité. Les thèses de Lacassagne, tarde,
Prins, Joly, Ferri ou Garofalo aspirent dès lors à absorber l'intégralité de
la question pénale sous l'angle de la statistique, de l'étude des lieux, des
circonstances, des mœurs, de l'alcoolisme, des conditions sociales, biographiques ou éducatives du criminel.
Cette approche de la criminalité se diffuse d'autant plus vite qu'elle
relègue ou minore les aspects les plus baroques de l'anthropologie lombrosienne au profit de la promotion d'une étude du milieu social qui n'exclut
pourtant en rien les anciennes conceptions raciales ou phrénologiques. Ce
faisant les deux explications des causes du crime se superposent : le social et
3. Camoin de Vence, « Les erreurs et les dangers de l'anthropologie criminelle », Revue
pénitentiaire, 1882, pp. 298 -323.
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