Contextes - Histoire des manuels de droit - 308

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APPRoCHeS ComPARAtiSteS et PeRSPeCtiVeS

les lois romaines ont été embrouillées par de mauvais compilateurs33. il
est ainsi mieux d'étudier le droit romain dans ses sources que de lire les
Pandectes de Pothier, car selon lui, « il a interverti l'ordre et [a] noyé le texte
romain dans le sien »34. Bibaud se situe d'autre part dans les débats pédagogiques de son époque en reprenant les travaux de la haute commission
des études de droit en France. il compare alors Berlin, où existe des
cours distincts de droit et procédure criminelle, et la France où, à Paris,
on ne consacre que 3 heures par semaine à ces questions durant un seul
semestre. il remarque alors : « Quant à nous, [nous sommes] obligés de
nous resserrer autant que possible, parce qu'on nous conseille de faire notre
cours en deux années »35. Au regard de sa « méthode d'enseignement », il
met en évidence sa fidélité à l'enseignement tel qu'il serait fait à Bonn et
à Leipzig : l'étude générale en premier, l'étude spécialisée en second. il
rappelle que c'est seulement dans cet ordre qu'il est possible de se préparer
à la « pratique réelle ». il ajoute d'ailleurs l'importance de celle-ci dans le
parcours d'apprentissage de l'étudiant, annonçant les préoccupations
encore très forte de l'enseignement du droit au Québec : « on donne pour
cela aux élèves dans quelques universités d'europe un aperçu clair et concis
de la procédure, comme un avant-goût à la pratique : [...] Comme il est des
choses qui ne s'apprennent pas parfaitement dans les livres, mais seulement
en faisant ou en les voyant faire ; que copier à la hâte les écritures d'un
bureau, n'est pas d'une grande utilité, comme en avertit Pigeau et comme
vous l'avez pu l'éprouver, nous prions ceux qui désirent suivre nos cours
de ne pas oublier que nous regardons comme branche indispensable de
leur éducation professionnelle, la fréquentation des cours de justice, car si
la théorie est le sine qua non, ce n'est que par la pratique que vous serez
de véritables hommes de loi, [...] »36. In fine, il stigmatise les nombreux
défauts du législateur. il souligne sa déception de ne pas pouvoir enseigner
en suivant la maxime non multa, sed multum (peu de quantité, beaucoup
de qualité)37.
Le premier ouvrage de la doctrine québécoise qui utilise le vocable traité
est relativement éloigné des canons des traités juridiques européens. il s'agit
de l'œuvre d'Henry des Rivières Beaubien, Le Traité sur les lois civiles du
Bas-Canada38. Dans un court avant-propos, l'auteur souligne le caractère
éparse des normes applicables à la colonie, la difficulté est pour l'étudiant
ou le praticien de retrouver, les normes coutumières et leur interprétation
33. Ibid., p. 11-12.
34. Ibid., p. 13.
35. Ibid., p. 13.
36. Ibid., p. 14.
37. Ibid., p. 14.
38. Beaubien, Le Traité sur les lois civiles du Bas-Canada, op. cit. note 17.

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