Contextes - Les blogs juridiques et les enjeux d'une dématérialisation de la doctrine - 229

LES BLOGS JURIDIQUES QUÉBÉCOIS

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B. Vers un développement de la blogosphère juridique
québécoise ?
1. Le possible dépassement des obstacles
au développement des blogs
Si le contexte doctrinal québécois n'a pas été favorable au développement
des blogs jusqu'à présent, il existe de bonnes raisons pour que les perceptions et les pratiques des juristes changent à l'avenir. En effet, il nous semble
que la blogosphère juridique offre une opportunité unique à la doctrine
québécoise de se renouveler, mais aussi d'accroître son influence et son
utilité dans le monde du droit. Cette opinion est d'ailleurs partagée par le
professeur Paul Daly27, lui-même blogueur, qui observe l'émergence d'un
nouveau modèle doctrinal à côté de l'ancien, dont il est d'ailleurs un utile
complément.
Premièrement, les réticences de la doctrine à publier sur un blog
pourraient à l'avenir se dissiper en raison, précisément, du format particulier du blog. Les auteurs, spécialement, ceux de la nouvelle génération,
pourraient être séduits par les atouts du blog dont la liberté offerte, tant
sur la forme que sur le fond, ne serait pas des moindres. Les propos de
la professeur Koubi au sujet de la liberté de la recherche28 s'appliquent,
et d'autant plus ici que la doctrine universitaire québécoise pourrait finir
par se sentir à l'étroit dans le carcan qu'impose aujourd'hui la recherche
subventionnée29. L'opportunité du blog pour le chercheur s'inscrit dans le
prolongement d'outils déjà connus, comme le site SSRN, qui permettent de
soumettre à la communauté juridique des « work in paper » et de recueillir
des commentaires stimulants de nature à enrichir la réflexion de l'auteur
avant la publication définitive d'une étude30.
Ensuite, la réactivité que permettent des blogs n'est pas seulement un
défi pour les juristes, c'est aussi, pensons-nous, une chance unique, dans
le paysage éditorial québécois actuel, de s'exprimer et se faire entendre en
temps utile. Si l'œuvre doctrinale, fruit d'une longue et profonde réflexion,
nécessitera toujours du temps pour advenir, la fonction doctrinale, elle,
ne limite pas les auteurs à ce genre de production. S'il s'agit de peser sur
27. Préc.
28. G. Koubi, op.cit., p. 318 et s.
29. Pour les organismes gouvernementaux, dont les universitaires sont tributaires pour
financer leurs recherches, le droit n'est qu'une science sociale parmi d'autres qui doit faire
l'objet de recherches sur le même modèle que les autres disciplines et les juristes sont souvent
tenus de se plier à l'interdisciplinarité ambiante pour espérer obtenir un financement.
30. En ce sens, voir Paul Daly, voir supra, note 4, dont le texte, encore au stade de projet,
est lui-même publié dans les working paper series de l'Université d'Ottawa.

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