Contextes - Qu'est-ce qu'une discipline juridique ? - 116

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L'eNSeIGNeMeNT Du DRoIT RoMAIN

de l'autonomie de la volonté, de l'individualisme et de l'égalité des contractants69), ou pour refuser la domination classique du couple droit civil-droit
romain, les propos d'Émile Accolas70, d'Édouard Lambert71, de Paul Pic72,
de Charles Lyon-Caen73, de Gaston Jèze74, de Léon Duguit75 ou d'edmond
Villey76 ne peuvent manquer de provoquer un sentiment de crise. Qu'il
s'agisse du déclin du latin, des modalités d'un enseignement autoritaire
par lequel les étudiants reçoivent la parole d'un maître s'appuyant sur
des autorités, ou bien des méfaits d'une culture jugée aristocratique77, la
remise en cause du schéma classique de l'enseignement du droit provoque

69. Cf. par exemple Gaston Morin, La révolte du droit contre le Code. La révision nécessaire des concepts juridiques (Contrat, responsabilité, propriété), Sirey, 1945 (1re éd. 1920),
not. p. 12.
70. Manuel de droit civil. Commentaire philosophique et critique du Code Napoléon,
Gerner-Baillière, 1874, tome 1, not. p. lvi-lviii et lxxii.
71. Il écrit notamment : « L'Esprit juridique, en délaissant la dogmatique romaine, pour
animer désormais et féconder de préférence les doctrines civilistiques nationales, n'a pu
brusquement renouveler ses procédés. Il a seulement remplacé la caisse à double fond d'où
il faisait jadis jaillir le flot intarissable de ses principes, de ses dogmes et de ses concepts, le
Corpus juris, par des instruments moins usés, n'attirant point autant la défiance du spectateur, les Codes civils » (« Le droit civil et la législation ouvrière. La fonction dynamique
de la jurisprudence et l'interprétation sociologique du droit », Revue générale du droit, de
la législation et de la jurisprudence en France et à l'étranger, 1904, p. 245). Sur ce texte de
Lambert, cf. notre commentaire dans Le droit civil et la législation ouvrière, Dalloz, coll.
tiré-à-part, 2013.
72. Cf. par exemple « De la rupture ou de la suspension d'exécution du contrat de travail
par l'effet des grèves ou des lock-outs patronaux », Revue trimestrielle de droit civil, 1905,
p. 47.
73. « La réforme de l'agrégation des Facultés de droit », Revue internationale de l'enseignement, tome 21, 1891, p. 115-116.
74. Les études de droit romain « habituent à interpréter des textes morts, alors que le Droit
est vivant. (...) on opère sur des cadavres » (Les principes généraux du droit administratif,
Paris, Berger-Levrault, 1904, p. iv-v) cité par J. Boudon, article précité.
75. « De quelques réformes à introduire dans l'enseignement du droit », Revue internationale de l'enseignement, tome 15, 1888, p. 155-156.
76. « L'enseignement du droit », Revue internationale de l'enseignement, tome 42, 1901,
p. 401. Cf. également les propos de son collègue professeur d'économie politique de Poitiers,
A. Girault, « Nos facultés de droit », Revue internationale de l'enseignement, tome 43,
1902, p. 5-12.
77. Sur cette crise européenne du droit romain, cf. V.-A. Georgesco, « La crise des études
de droit romain », Revue d'histoire du droit, tome XVI, 1937, p. 403-433 ; P. Noailles, « La
crise du droit romain », dans Mémorial des études latines publié à l'occasion du vingtième
anniversaire de la Société et de la Revue des études latines, Les Belles Lettres, Paris, 1943,
p. 388-411. Sur la crise du latin, outre les articles précités, cf. le Rapport d'Accarias dans
Arthur de Beauchamp, op. cit., tome 5, p. 126 ; J.-e. Labbé, « Le droit et le latin », Revue
internationale de l'enseignement, tome 13, 1886, p. 403 et, à nouveau, C. Accarias, « La
question du latin et les études de droit », Revue internationale de l'enseignement, tome 13,
1886, p. 117.
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