Grands Colloques - La crise des institutions - 108

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PROPOS CONCLUSIFS

que les différentes institutions en crise, telles qu'elles ont été conçues dans
ce colloque, peuvent avoir des liens parfois inattendus. C'est ainsi que les
manifestations contre le mariage pour tous, en 2012-2013, ont montré que
familles et institutions politiques pouvaient se rejoindre. La multiplication
des protestations a été parfois présentée comme le signal d'une remise en
cause de la légitimité des gouvernants. Familles et institutions politiques se
rejoignaient sur le pavé des manifestations.
Dès ses propos introductifs, le professeur Auby a invité à réfléchir sur
la pluralité des sens à donner au mot « institution », qui possède ainsi un
sens étroit et un sens large. Dans ce dernier cas, toute organisation sociale
serait une institution, ce qui ferait perdre beaucoup de sa signification à la
notion. Au sens étroit, l'institution est née, à la fin du XIXe siècle, à partir
de la réflexion d'une partie de la doctrine en réaction contre l'individualisme
jugé excessif du droit tel qu'il s'est développé à partir de la Révolution. Elle
est une des manifestations de la crise du droit.
L'institution incarne alors une forme de permanence et de prise en compte
du « collectif ». En cela, elle se distingue du contrat qui serait, par définition,
plus éphémère ou plus contingent. Le professeur Jacques Chevalier a mis
également l'accent sur l'importance de la durée dans la notion d'institution,
qui désigne ainsi une organisation collective et impersonnelle.
Si la notion d'institution a recueilli ainsi, de la part des contributeurs
chargés de montrer le chemin dans leurs interventions, un certain consensus,
il était inévitable que tous les intervenants du colloque se soient posé la
question de la définition des termes du sujet, les « institutions » d'une part,
la « crise » de l'autre. Ils ont souligné que la crise devait être distinguée du
mouvement permanent qui caractérise nécessairement toutes les institutions
qui ne peuvent rester figées et qui connaissent des évolutions permanentes.
La crise s'apparente à un phénomène beaucoup plus profond ou plus brutal
que la simple mutation. La crise est alors assimilée à un changement subit,
brutal, ou comme une manifestation soudaine et elle correspond souvent à
une période décisive de l'existence, comme celle censée frapper les adolescents ou les cinquantenaires. Lorsqu'il s'agit d'un groupe social, la crise
apparaît comme une période difficile traversée par le groupe en question.
L'un des contributeurs a mis l'accent sur l'origine étymologique grecque
du mot crise qui signifiait, à l'origine, à la fois séparer mais aussi décider.
Beaucoup, à commencer par le présent rapporteur, avaient remarqué l'utilisation médicale du mot « crise » à propos de laquelle il est courant de parler
à la fois de symptômes mais aussi de remèdes.

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