24 AUX ORIGINES DE LA CRISE et de la marge d'autonomie de chacun ; de même, les théories contractualistes de la gestion des entreprises concevront celle-ci comme un « nœud de contrats » reposant sur l'égalité des contributions et rétributions et visant à assurer la satisfaction des attentes des différents partenaires en présence. Le contrat apparaît comme un moyen de recréer du « lien social »14 dans des institutions dont les fondations ne relèvent plus de l'évidence. Ces différents facteurs de la crise des institutions sont bien entendu imbriqués et se conjuguent : indissociable de la montée de l'individualisme, l'érosion des croyances entourant les institutions est aussi le sous-produit des changements qui affectent les fondations de l'ordre social. Reste à savoir quel peut être l'impact de ces forces instituantes sur le tissu institutionnel existant : si une armature institutionnelle apparaît indispensable à la construction même du social, ce qui exclut toute perspective de « dés-institutionnalisation » et de brèche dans la normativité, l'idée d'une restauration de l'ordre social ancien apparaît illusoire ; la crise actuelle devrait donc déboucher sur une configuration institutionnelle nouvelle, caractérisée par une plus grande souplesse et une plus grande plasticité. 14. François de Singly, op. cit.