Contextes - La réception du droit du travail par les milieux professionnels et intellectuels - 219

L'AUTONOMIE COLLECTIVE

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fois élaborées, pour les faire accueillir de la population »19. Cette sociologie
législative - encore dénommée « science pratique »20 - est donc au service du
droit, elle est un savoir destiné à améliorer la production de la loi21. Evelyne
Serverin, quant à elle, écrit que la sociologie juridique des juristes et celle
des sociologues sont tellement différentes que coexistent deux sociologies
du droit, chacune ayant ses propres publications, son propre public et
ses propres thèmes de recherche22. Plusieurs autres courants - fortement
éclatés - ont vu le jour23, notamment la sociologie juridique vue comme un
champ d'étude interdisciplinaire (et non une discipline en tant que telle)24, la
sociologie pragmatique du droit ou « comment le droit se construit » (c'està-dire plutôt que de porter attention au droit établi ou encore aux écarts
entre un ensemble de pratiques et les règles formelles qui seraient censées
les réguler, elle adopte une posture descriptive et compréhensive à l'égard
de ces pratiques et ambitionne de les considérer en elles-mêmes, pour ellesmêmes25) et le pluralisme juridique. C'est justement sous le prisme de ce
dernier courant que des auteurs ont analysé l'autonomie collective26.

I - L'APPORT DU PLURALISME À LA COMPRÉHENSION
DE L'AUTONOMIE COLLECTIVE
Santi Romano, juriste publiciste palermitain (1875-1947), est l'un des
chefs de file du courant pluraliste, son ouvrage le plus célèbre - L'ordre
juridique - souvent cité en référence ayant été écrit en 1918. Bien qu'élève
de Vittorio Emanuele Orlando, défenseur de l'école positiviste italienne, et
en particulier de la centralité et de la personnification de l'État, et nommé
19. Carbonnier J., « La sociologie juridique et son emploi en législation », communication de J. Carbonnier à l'académie des sciences morales et politiques, L'année sociologique,
2007, vol. 57, n° 2, p. 393-401.
20. arnaud A.-J., Dictionnaire encyclopédique de théorie et sociologie du droit, LGDJ,
Store-Scientia, 1988.
21. Jestaz P. (préc, p. 147) parle « d'adjuvant occasionnel ».
22. serverin e., Sociologie du droit, La Découverte, 2000.
23. garCia viLLegas m. et LeJeune a., « La sociologie du droit en France : de deux
sociologies à la création d'un projet pluridisciplinaire ? », Revue interdisciplinaire d'études
juridiques 2011/1, vol. 66, p. 1-39.
24. Des juristes et sociologues se regroupent et forment le « Cercle de sociologie et de
nomologie juridiques (CSNM) », centre interdisciplinaire de recherches très actif et reconnu
au niveau international. De cette rencontre naît la revue Droit et société, revue ouverte aux
publications des chercheurs issus de toutes les sciences sociales pour autant qu'ils s'intéressent à la sociologie du droit.
25. duPret B., Droit et sciences sociales, Armand Colin, 2006.
26. Les développements concerneront uniquement le droit du travail.

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