Contextes - Pratique(s) et enseignement du droit - 371

quAtRe tHèSeS CRItIqueS SuR L'INteRDISCIPLINARItÉ

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Si la littérature interdisciplinaire appartient à un genre qui n'a pas à se
justifier face à la réalité ou à la « vérité », mais uniquement face à lui-même,
le droit est compris (et théorisé, dogmatisé, écrit, raconté...) sous le mode
d'une interdisciplinarité qui n'a pas besoin de se justifier non plus. D'un
côté, le côté de la pseudo-recherche, il s'agit simplement de produire des
textes moralement et politiquement corrects, à la mode interdisciplinaire,
et, de l'autre côté, le côté de l'enseignement, il ne s'agit que de l'imposer
dans le cursus jus facultaire !
Ces textes politiquement et moralement corrects à la façon interdisciplinaire sont déjà avec nous et ils ont depuis un certain temps produit
et répandu leur effet idéologique à l'intérieur du droit. Il est de la sorte
facile de comprendre la séduction que des auteurs comme Foucault,
Derrida, Lyotard, et tant d'autres obscurantistes, ont pu exercer sur
l'interdisciplinarité en droit et sur le curriculum qui s'impose dans les
facultés de droit. Facile surtout de s'extasier et d'affirmer, contre toute
raison, que l'interdisciplinarité, en s'emparant du discours sur le droit,
nous fait avancer, progresser et atteindre le sommet de tout ce qui est
bien et juste. Le problème reste pourtant entier : si ces textes possèdent
incontestablement des qualités esthétiques, s'ils sont des textes beaux, des
textes où s'expriment les partisans d'une cause « juste », « politiquement
ou moralement correcte », ou qui soutiennent l'existence « d'une moralité
objective » (à la façon de Ronald Dworkin), cela représente-t-il vraiment
une avancée sérieuse et dans quelle direction ? De plus, cela concerne-t-il
le droit au motif que quelqu'un a utilisé ce mot ?
en se détachant de toute préoccupation juridique véritable, l'interdisciplinarité de curriculum entend se spécialiser dans le « message » à transmettre
aux autres, aux étudiants. C'est un modelé dans lequel certains universitaires (souvent des réactionnaires de gauche ou de droite) se posent en
émissaires de l'idéo-droit qui a leur préférence, en accord, répétons-le, avec
l'idéologie du politiquement correct. Ce sont autant de messages idéologiques devant lesquels l'autre, le public, l'étudiant, doit plier l'échine et qui
sont destinés à embrigader les esprits, les consciences et les intelligences.
L'interdisciplinarité de curriculum autant que de la recherche est,
en conséquence, un moyen pour détacher la question du droit de tout
sens « pratique ». elle le fait en vue de forger de nouveaux concepts plus
malléables. Ces nouveaux concepts signifient ce que le pouvoir interdisciplinaire veut qu'ils signifient, et rien d'autre. tout cela parce qu'il espère
produire à son avantage l'effet psychologique ou moral que ces concepts
peuvent avoir sur des individus n'ayant jamais été préparés à résister contre
la manipulation intellectuelle.
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