Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 106

Lobbying et stratégies d'influences en France

ou ex-sénateurs qui sont censés connaître les sûres voies
d'approche »7.
Une dénonciation de l'entrecroisement des grands intérêts politiques
et financiers vers 1910
« Les plus anciens groupes des représentants des grandes dynasties qui,
sous les régimes précédents, avaient assuré leurs fortunes en jouant à la
fois de la politique et des affaires, avaient gardé dans les assemblées assez
de moyens d'action pour protéger et renforcer leurs positions économiques
et financières. Grâce aux avantages qu'ils s'étaient fait assurer par les
conventions de chemins de fer et des compagnies de navigations, par les
concessions des mines, les concessions coloniales et les concessions
d'électricité, les administrateurs des services concédés, distributeurs de
commandes aux fournisseurs de fer et de charbon, aux entreprises de
construction maritimes et d'armement, s'étaient vus, en rémunération de
leurs utiles influences, appelés de plus en plus aux conseils d'administration
de l'industrie lourde.
Les Comités des forges, des Houillères, l'Union des industries
métallurgiques et minières, qui s'étaient constitués pour assurer entre
privilégiés une avantageuse rémunération des commandes, avaient
encore resserré les liens. [...] Toutefois, pour neutraliser les nouvelles
équipes, pour s'assurer les complicités parlementaires indispensables,
on avait ouvert l'accès des grands conseils à un solide noyau de leurs
représentants les plus influents et les plus maniables, en profitant des
relations nouées à la Chambre et au Sénat dans le rang des majorités
dites républicaines. Les combinaisons du Bloc combiste de 1902 avaient
même permis d'attirer quelques-uns des plus authentiques radicaux. [...]
Dans le groupe des parlementaires de nouvelle couche, parmi les mieux
pourvus, Étienne, l'ancien ministre du cabinet Rouvier, du cabinet Sarrien
et de tant d'autres, figure en qualité de président aux conseils
d'administration des Tréfileries du Havre, et de la Compagnie des
Omnibus. Guillain, l'ancien ministre du cabinet Dupuy de 1898, préside à
la fois le Comité des forges et la Compagnie d'électricité de la ThomsonHouston. Doumer, ancien ministre des finances du cabinet radical de
Léon Bourgeois en 1896 est administrateur du Comité des forges et
président de la Compagnie générale d'électricité. Baudin, l'ancien
ministre des Travaux publics de Waldeck-Rousseau, préside la Banque
Franco-américaine. Mougeot, ancien sous-secrétaire d'État de WaldeckRousseau, et ancien ministre de Combes, est administrateur des
phosphates tunisiens et des caoutchoucs de la Haute-Sangha, au
Congo. André Lebon, l'ancien ministre de Méline, retiré de la politique

7. A. OGG, P. O. RAY, Le gouvernement des États-Unis d'Amérique, PUF, 1958, p. 137 ; sur les
origines et les itinéraires actuels des lobbyistes américains : D. KAROL, « Un système sous
pression : les partis politiques et l'investiture présidentielle aux États-Unis en 2016 »,
Politique américaine, nº 28, 2016, p. 28.

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