Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 107

Les répertoires d'action du lobbying

active depuis son échec électoral de 1898, est un peu partout, aux
Messageries maritimes comme président, au PLM, comme administrateur,
au Canal de Suez, au Crédit Foncier etc. Il préside en outre la Société des
travaux publics du Maroc, filiale de la Banque de Paris, au conseil de
laquelle figure à côté de lui un Freycinet, directeur du Creusot.
Jonnart, l'ancien ministre de Casimir-Périer, devenu gouverneur de
l'Algérie, est au conseil de Suez, tandis que son beau-père, le banquier
Aynard, porte-parole des modérés lyonnais, préside les Aciéries de
Saint-Etienne et figure au conseil d'administration du PLM. Jules
Siegfried, l'ancien ministre du cabinet Ribot, de 1893, est au conseil de
Five-Lille. Cochery, le ministre des finances du cabinet Briand, préside
la Banque nationale de crédit. Krantz, ancien ministre des travaux
publics du cabinet Dupuy de 1898, préside l'Ouest-Lumière et siège au
Comptoir d'escompte. Charles Roux, l'armateur de Marseille, s'il n'a fait
qu'un assez court séjour à la Chambre entre 1889 et 1898, y a rendu assez
de services pour être devenu par la suite président du Comité central des
armateurs de France, de la Compagnie transatlantique, des Chantiers de
l'Atlantique, et de plusieurs sociétés bancaires. Le sénateur Prévet,
propriétaire du Petit Journal est administrateur des Forges de MontbardAulnoye. Adolphe Carnot, le président fondateur de l'Alliance
démocratique, préside la Société nouvelle du gaz de Paris, création de la
Banque Rouvier. [...]
L'entrée de tous les hommes politiques influents dans les états-majors
financiers et industriels était si bien passée dans les mœurs que
Caillaux lui-même, quand il avait quitté le ministère des finances,
malgré les colères et les inquiétudes provoquées par les campagnes en
faveur de l'impôt sur le revenu, s'était vu offrir aussitôt la présidence de
deux sociétés financières, le Crédit foncier égyptien et le Crédit foncier
argentin, dépendant l'une et l'autre de grandes banques par le jeu des
emprunts dont nos établissements de crédit assuraient le placement.
[...] ».
E. Beau de Loménie, La responsabilité des dynasties bourgeoises. II De
Mac-Mahon à Poincaré, Denoël, 1947, p. 401-405.

En France, les industriels et les banquiers dont les entreprises
étaient de plus en plus dépendantes du cadre légal et fiscal fixé par
l'État, ainsi que des autorisations de toute nature qu'il délivrait et des
marchés qu'il concluait sont longtemps passés par le circuit informel
des réseaux plutôt que par les débats publics pour influencer les
décideurs. Comme le signale J. I. Engels, l'influence informelle est
privilégiée lorsqu'il s'agit de peser sur des décisions « telles que des
concessions et des contrats gouvernementaux » concernant des

107

Table des matières de la publication Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re