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Lobbying et stratégies d'influences en France

L'établissement de liens privilégiés avec les décideurs étant au
principe du travail de lobbying, ceux qui entrent dans la profession
sans être issus des sérails où sont formées les élites ni membre
de réseaux donnant accès aux centres de décision, sont amenés à
réaliser de lourds investissements28 pour constituer un capital de
relations pertinentes pour devenir influent29. Conditions nécessaires
à la pratique du lobbying interne, l'activation de ces relations et
l'inscription dans des réseaux sont à l'origine des principales
suspicions qui pèsent sur lui.
Un autre registre d'action vise les partis politiques. Ils sont, comme
le souligne K. Lawson, très « perméables aux groupes d'intérêts » et
dont l'une des fonctions « qui ne figure jamais sur la liste officielle »
de celles-ci, « consiste à créer et en même temps à déguiser le
linkage entre les groupes d'intérêt les plus puissants et l'État,
donnant ainsi une légitimation démocratique à une situation
décidément non démocratique ». Ainsi les partis offrent-ils « de plus
en plus [...] leurs services à ceux qui paient pour l'accomplissement
de cette fonction de légitimation. [...] »30. Depuis que les élections et
les partis existent, les financements politiques figurent en bonne
place parmi les instruments du lobbying destinés à établir des
relations privilégiées avec les responsables des partis et leurs élus,
et à obtenir d'eux une écoute bienveillante et attentive. La gamme
des actions possibles est, là aussi riche et diversifiée. Leur choix
dépend toutefois des ressources dont dispose chaque groupe
d'intérêt qui déterminent ses capacités distributives et rétributives.
Financement des partis et des campagnes électorales - lorsqu'ils sont
autorisés31 -, rémunération de militants travaillant pour eux (emplois
fictifs), recrutement sur un emploi supérieur de ses dirigeants en cas
28. Ceux-ci varient avec l'importance du capital relationnel institutionnel accumulé par
l'organisation pour laquelle ils travaillent qui peut leur être délégué et dont ils
bénéficient de la notoriété. Comme le note M. Offerlé, « Sans qu'on puisse le mesurer
exactement, l'accès aux décideurs de l'exécutif est beaucoup plus fréquent et moins
coûteux pour les représentants du patronat que pour les représentants syndicaux,
même sous un gouvernement de gauche » : in Les patrons..., op. cit., p. 305 ; S. Laurens,
souligne pour sa part que « la connaissance de l'administration accumulée par les
fédérations patronales fonctionne comme un véritable capital [...] que l'on pourrait [...]
qualifier de "bureaucratique" et qui permet aux salariés de contourner les effets de la
concurrence économique », op. cit., p. 167.
29. T. LEFÉBURE, op. cit., p. 24.
30. K. LAWSON, « Partis politiques et groupes d'intérêt », Pouvoirs, nº 79, 1996, p. 46-48.
31. Depuis la loi du 19 janvier 1995 sur le financement des campagnes électorales, il est
interdit aux personnes morales de les financer. Sur les pratiques antérieures :
A. FRANÇOIS, N. SAUGER, « Groupes d'intérêt et financement de la vie politique en France.
Une évaluation des effets de l'interdiction des dons des personnes morales », RFSP,
nº 2, 2006.

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