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Lobbying et stratégies d'influences en France

Enfin, certains groupes n'ont pas d'autres choix que celui d'une
approche extérieure, lorsque les autorités les tiennent soigneusement
à l'écart des centres décisionnels ou lorsqu'ils n'ont pas les ressources
suffisantes pour nouer durablement des liens avec elles. Lorsqu'ils en
ont les moyens et que leurs intérêts peuvent être aussi bien servis par
une stratégie interne qu'externe, ils peuvent avoir avantage à les
associer dans le cadre d'une « campagne de lobbying globale »98.

III.

L'efficacité du lobbying

Si les groupes d'intérêt sont accusés de s'être infiltrés partout99,
leur influence exacte sur les décisions et les politiques publiques est
difficile à évaluer100. Les recherches effectuées sur le lobbying législatif
et gouvernemental aux États-Unis, où son institutionnalisation rend
possible la collecte et l'analyse de données, en relativisent fortement
les effets. La première grande étude de leur rôle réalisée par
L. W. Milbrath en 1963 conclut que l'influence des lobbies et des
lobbyistes est contrainte par celle de multiples autres forces de
pression qui agissent sur le public101. Les travaux récents de
F. Baumgartner, suivant pendant plusieurs années l'évolution du
traitement normatif d'un échantillon de quatre-vingt-dix-huit
problèmes102 en comparant d'une part les agendas des lobbies avec
les agendas législatifs103 et, d'autre part, les objectifs que s'étaient
assignés les groupes de pression dans leurs campagnes de
lobbying et les résultats obtenus ont tenté de déterminer « qui
gagne, qui perd et pourquoi »104. Ils parviennent sans grande
surprise à la conclusion que « les lobbies sont moins influents que
la rhétorique politique ne le dit » et que « le changement de
98. J. ORNSTEIN et S. ELDER, op. cit., p. 91.
99. H. CONSTANTY, V. NOUZILLE, op. cit., p. 153.
100. Pour un exemple d'évaluation du résultat du lobbying dans deux décisions relevant de la
politique de sécurité routière - sur les « avertisseurs radar », où le lobbying des entreprises
était défensif, et sur les « éthylotests », où il était offensif : M. ATTACA, H. CHOMIENNE, « Le
lobbying dans la construction des valeurs publiques : le cas de la politique publique de
sécurité routière », in M. RIVAL, F. BOURNOIS, V. CHANUT (dir.), op. cit., p. 235 et s.
101. L. W. MILBRATH, The Washington Lobbyists, Chicago, Rand McNally, 1963, p. 342.
102. Les problèmes faisant l'objet de campagnes de lobbying sont surtout la santé (21 %),
l'environnement (13 %), le transport (8 %), la science et la technologie (7 %), les
finances et le commerce (7 %), la défense (7 %) , le commerce extérieur (6 %), l'énergie
(5 %), le droit, la criminalité et la politique familiale (5 %) et l'éducation (5 %).
103. F. R. BAUMGARTNER, J. M. BERRY, M. HOJNACKI, D. C. KIMBALL, B. L. LEECH (dir.), Lobbying and Policy
Change: Who wins, who loses and why, Chicago, Chicago University Press, 2009, p. 17.
104. F. R. BAUMGARTNER et al., op. cit.

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