Systèmes - Lobbying et stratégies d'influences en France - 1re - 90

Lobbying et stratégies d'influences en France

associations ou organismes publics ayant recours à ses services
mettent à sa disposition » (art. 14)78.
Pour pertinents que soient les arguments avancés pour le
conformer aux exigences démocratiques et les règles posées par les
associations professionnelles pour distinguer le bon lobbying du
mauvais, ils sont pour l'heure insuffisants pour dissiper les suspicions
qui pèsent sur le lobbying d'autant qu'en l'absence de mécanismes de
surveillance et de sanction, le doute persiste sur le respect des règles
déontologiques renvoyé à l'autodiscipline de leurs adhérents. En tout
état de cause, il existe toujours des hommes d'influence sulfureux
qui perpétuent les pratiques déviantes79 d'un lobbying à l'ancienne
assimilé dans « les mentalités à la corruption et au trafic
d'influence »80, échappent donc à la juridiction des associations
professionnelles, provoquent des scandales retentissants qui ternissent
l'image de l'ensemble des lobbyistes ramenés à leurs vieux démons
et sapent les efforts pour en faire un métier respectable.

II.

L'enseignement du lobbying

La construction de la profession de lobbyiste repose aussi sur la
mise en place de formations universitaires qui préparent à son
exercice. Portée par un marché de l'influence en pleine croissance81 -
les ONG sont de plus en plus nombreuses à recourir aux méthodes du
lobbying82 -, où la concurrence entre les groupes d'intérêts les pousse
à investir dans la technicité et la maîtrise d'outils originaux pour la
soutenir, celui des formations a connu récemment un important
développement, dans les grandes écoles et les universités européennes

78. Charte de l'ARPP, il « doit veiller à la communication d'informations fondées sur des
études et des faits reflétant l'état des connaissances disponibles et à en favoriser
l'accès aux acteurs publics sans exclusive politique » (art. 7). Il « s'engage à répondre
avec rigueur à toute demande d'information et à respecter la décision prise par ses
interlocuteurs » (art. 8).
79. Résumées aux États-Unis par la célèbre expression « booze, blondes and brides » (alcool,
femmes et pots-de-vin). C. PRÉVOST-TESTART souligne avec quelle facilité « pour les
détracteurs de cette profession » tout y ramène : « discrétion signifie immoralité,
efficacité, trafic d'influence, et volonté de convaincre, manipulation » : in Le Lobbying ou
l'Échiquier des pouvoirs, Liaisons, 1993, p. 33.
80. G. LAMARQUE, op. cit., p. 36.
81. P. BARDONet, Th. LIBAERT observent que « les difficultés économiques sont sans incidence
sur le développement du lobbying qui continue de croître ». La raison en serait qu'il est
encore plus nécessaire pendant ces périodes : op. cit., p. 43.
82. M. CLAMEN, art. cit., p. 173 : il en dénombre 1 600 travaillant auprès de l'Union européenne.

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