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Lobbying et stratégies d'influences en France

reposant sur la maîtrise de compétences techniques103 et sur le rejet
de tout « lobbyisme de connivence », force est de reconnaître que sous
cette étiquette les pratiques restent polymorphes, les formes d'exercice
du métier très différentes, et qu'en tout état de cause les activités
d'influence ne sont pas le monopole des lobbyistes professionnels.
Lorsqu'on définit largement le lobbying comme « une activité qui
consiste à procéder à des interventions destinées à contribuer
directement ou indirectement aux processus d'élaboration, d'application,
ou d'interprétation des mesures législatives, normes, règlements et
plus généralement, à toute intervention ou décision des pouvoirs
publics »104, ou comme lobbyiste « toute personne ou organisation visant
à influencer la prise de décision dans un sens favorable aux intérêts ou
aux causes qu'elle promeut »105, apparaissent immédiatement un large
spectre d'acteurs qui sans appartenir à la profession le pratiquent. Il
existe notamment un proto lobbying des dirigeants des grandes
entreprises qui à travers des interactions non-institutionnelles ont
accès dans de multiples circonstances au personnel politique et
administratif. Comme le remarque M. Offerlé, « les interactions
formelles sont doublées d'interactions informelles qui facilitent cet
accès ou le redoublent. Certes, les carnets d'adresses des grands
dirigeants d'entreprise sont plus fournis que ceux des dirigeants du
Medef : déjeuners, dîners, cocktails, sociabilité de club ou de
vacances sont des occasions de renforcement du capital social et des
opportunités pour attirer l'attention. Mais les origines professionnelles
des grands personnages patronaux, et l'accumulation tout au long de
leur carrière, de savoirs et de relations sur les gens sinon « haut
placés », mais « bien placés » ne sont pas tout [...] »106. S'il n'est plus
l'apanage d'hommes d'influence opérant dans des mondes clos et des
réseaux feutrés aux ramifications intraçables, ceux-ci sont loin d'avoir
disparu. Anciens ministres107, anciens parlementaires et collaborateurs
103. E. GARAULT, G. LECERF, « Le lobbying, un métier encore en devenir dans une France rétive
au dialogue avec la société civile », Géoéconomie, nº 62, 2012, p. 115.
104. E. GARAULT, G. LECERF, art. cit. p. 113. On pourrait citer la définition de Transparency
International.
105. Transparency International, définition citée supra.
106. M. OFFERLÉ, Les patrons..., op. cit., p. 305.
107. Il est spécialement frappant de voir de grands groupes accueillir dans leur conseil
d'administration d'anciens ministres, voire d'anciens présidents : ainsi du groupe Accor
avec N. Sarkozy, recruté pour « apporter au conseil son expertise » pour « des alliances
et des partenariats qui vont être noués » dans le montage desquels il apportera selon
S. Bazin (PDG) « une vision différente ». F. Fillon est récemment entré comme associé
chez Tikehau Capital et L. Chatel chez Ekkio Capital. B. Cazeneuve (ancien Premier
ministre et ancien ministre de l'intérieur) est associé au cabinet August Debouzy
(département contentieux, arbitrage, pénal des affaires), B. Apparu (ancien ministre du
logement) a rejoint le groupe Action Logement ; pour une étude récente du parcours des

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