Systèmes - La globalisation, le droit et l'État - 3e - 28

La globalisation, le droit et l'État

effacée. En sens inverse, la crise économique qui s'est déclenchée en 2008
a certainement eu un effet de frein, voire de - relatif - retour en arrière :
parce qu'elle a rendu les États à la fois moins enclins à se prêter aux ouvertures diverses de la globalisation économique - les tentations protectionnistes ont même été difficilement contenues -, et parce qu'elle les a conduits à
mettre sur pied des politiques nationales de protection et de relance, qui les
ont remis en selle plus ou moins fortement - mais en tout état de cause
dans les limites assez restreintes de ce que l'intégration des économies,
et les engagements internationaux et européens permettaient de faire
nationalement. Elle a eu également pour effet, non pas de tarir, mais de
réorienter les flux migratoires33. La crise du coronavirus aura à l'évidence
son impact, que l'on ne pourra évaluer précisément que dans quelques
temps.

C. Les étages de la globalisation
11. Pour caractériser le mouvement de globalisation, il faut ajouter à ce
qui précède des indications d'ordre morphologique. Le point essentiel est le
suivant. La globalisation ne doit pas être assimilée à ses aspects mondiaux,
universels : elle se déploie à de multiples autres niveaux, parmi lesquels
celui des intégrations régionales, et notamment de la construction européenne, qu'il faudra essayer de situer dans notre propos.

1. Un phénomène « multilevel »
12. Restreindre la globalisation à celles de ses manifestations qui sont
d'échelle mondiale, qu'elles soient économiques ou autres, comme cela est
parfois fait, n'est en percevoir que la superficie. Le phénomène est en réalité présent à tous les niveaux qui structurent la société internationale : il est
par essence « multiniveaux », ou, pour employer une expression anglophone
devenue courante et que nous retrouverons, « multilevel » - ou « multilayered ».
Comme on l'a vu, ce qui est caractéristique de la globalisation est de
l'ordre de l'ouverture, de la déspatialisation, de la transnationalité... Rappeler cela conduit immédiatement à comprendre que la globalisation ne se
réduit pas à ses traductions mondiales les plus apparentes (l'OMC, le
G20...). Il n'en irait autrement que si elle était respectueuse de l'organisation
la plus traditionnelle de la société internationale, dans laquelle les réalités
qui dépassent les divisions nationales ont leur siège dans des institutions
internationales faites pour cela.
La globalisation met en cause, traverse les frontières des systèmes
nationaux, et n'emprunte que partiellement le canal des institutions internationales au sens classique. Ses acteurs et ses mécanismes sont souvent
d'une autre nature.
33. V. les rapports annuels Perspectives des migrations internationales de l'OCDE.

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