Grands Colloques - L'université et ses responsabilités - 175

SYNTHèSE ET OUVERTURE

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que faisait Christine Musselin : il y avait une dualité de systèmes en France
avec un « système ouvert » où l'on accueille tout le monde et un « système
fermé » soumis au principe du concours et de la sélection. Cela reste encore
vrai malgré toutes les tentatives de détournement qui peuvent être faites
ici et là pour essayer de contourner cette exigence. En même temps, sur ce
point, cela traduit l'ambiguïté des relations entre l'État et les universités.
J'ai dit un jour que ces relations me faisaient penser à ce qu'on a dit du
Traité de Versailles, trop mou dans ce qu'elles ont de dur et trop dur dans
ce qu'elles ont de mou ! Sur ce point-là, les choses sont bloquées et je vois
mal comment, dans l'avenir, elles pourraient se débloquer rapidement. Si
on n'a pas touché à cette situation, en particulier en 2007-2008, c'est bien
parce que, manifestement, le système est coincé et que la remise en cause
du principe de quasi-gratuité de l'enseignement dans les universités est
considérée comme un casus belli par une partie de la société. Les attitudes
des familles sont certes tout à fait contradictoires, dans la mesure où elles
marquent une certaine intransigeance quand on parle d'université alors
qu'elles sont parfois prêtes à faire des efforts financiers significatifs pour
accéder à d'autres types d'établissements d'enseignement supérieur. Cela
me fait un peu penser à l'attitude de l'opinion à propos de la liberté d'enseignement : un grand attachement au principe, mais surtout pas de remise en
cause des principes sur lesquels chacun d'entre eux repose, la coexistence
des deux secteurs concurrents apparaissant comme la sauvegarde de la
possibilité de choix.
Sur tous ces points, on voit bien que la situation de l'autonomie des
universités est problématique Cela souligne des aspects qui ont été aussi
largement évoqués hier et aujourd'hui et qui sont, à travers la globalisation,
la mondialisation, l'internationalisation de l'enseignement supérieur et de la
recherche, le développement d'un droit de la concurrence. C'était le fond
de l'intervention de Paul Nihoul. Personnellement, pour avoir participé à
un certain nombre de colloques dans des pays voisins, je reste toujours très
frappé de voir l'importance qu'ils attribuent à ce que, dans l'anglomanie
ambiante, on appelle le compétition law par rapport à la manière dont nous
abordons ces questions en France.
C'est pourtant un des points sur lesquels j'ai été hier en désaccord avec
une affirmation d'Yves Gaudemet. Selon lui, derrière la loi relative à l'enseignement supérieur et de la recherche ESR (loi Fioraso), il n'y a aucune
idéologie. Je crois au contraire qu'il y a une profonde différence d'esprit
entre la loi de 2013 et celle de 2008. La loi de 2008 était marquée au coin
d'une idéologie plus libérale dans laquelle on insistait sur l'autonomie des
universités alors que la loi de 2013 est revenue à l'idée qu'il est de la responsabilité de l'État d'organiser un espace de l'enseignement supérieur.
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