La liberté d'expression comme camaïeu juridique A. Discours non protégés et discours moins protégés La règle d'interdiction des immixtions des pouvoirs publics dans les discours ne vaut cependant que pour ceux des discours dont la Cour suprême considère qu'ils entrent dans le champ d'application de la liberté d'expression. Pour ainsi dire, la première opération intellectuelle de compréhension de la liberté d'expression en Amérique consiste à voir que telle qu'elle est entendue par la Cour suprême, cette liberté ne recouvre pas un certain nombre de discours. En premier lieu, certains discours performatifs ne sont pas protégés par le premier amendement. Tel est le cas des discours consistant en des provocations d'actions illicites, pour autant que ces discours correspondent à la condition du « danger clair et actuel » dont la portée a été redéfinie en 1969 dans l'arrêt Brandenburg v. Ohio7. Les fighting words sont également des discours performatifs non protégés par la Constitution américaine. Il s'agit de mots intentionnellement prononcés à l'adresse d'une personne et qui, étant chargés d'une méchanceté et d'une volonté de nuire, ont pour conséquence de provoquer un mal-être psychologique ou la fureur de son destinataire. Cette exclusion a été définie par la Cour suprême en 1942 dans Chapinskly v. New Hampshire8 à propos de la condamnation du requérant sur le 7. 8. 395 U.S. 444 (1969). 315 U.S. 568 (1942). 249