Hors collection - Droit(s) et Street Art - 171

MATHILDE ROELLINGER

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avait perçu cette opportunité comme une nouvelle expérience : « C'était
le premier endroit où j'ai pu me poser et faire de la peinture aérosol
sur toile en me concentrant vraiment. Pour moi, c'était juste une sorte
d'expérience17 ». En Europe, et en France, l'histoire des collections de ce
mouvement est plus récente et débute dans les années quatre-vingt. Depuis
une dizaine d'années, le marché de l'art urbain se fortifie progressivement
en France. La présentation de collections privées d'art graffiti au grand
public a contribué à accroître la visibilité de cet art et à lui conférer une
légitimité. En 2009, l'exposition TAG au Grand Palais reflétait ce phénomène et remportait un nombre de visiteurs conséquent18. Récemment, en
octobre 2016, un collectionneur très engagé auprès des artistes a rendu
sa collection d'art urbain accessible au public avec pour écrin une école
d'informatique parisienne19. Fin 2015, l'art urbain représenterait en France
un marché d'environ 100 millions d'euros avec une soixantaine de galeries spécialisées et près d'une quinzaine de ventes aux enchères publiques
par an20. Si le marché n'est pas arrivé à maturité, les prix restant encore
abordables comparés aux envolées de l'art contemporain, il est en plein
développement. Selon les professionnels du marché de l'art, il n'y aurait
pas un archétype du collectionneur de graffitis enfermé dans une clientèle
jeune et branchée. Des collectionneurs de tout âge et de toute catégorie
socio-professionnelle s'y intéressent. Les profils de collectionneurs sont
donc multiples et variés. Il est intéressant de rapprocher le profil du
collectionneur de graffitis de celui qui collectionne l'art contemporain.
Pourquoi ? Parce que tous les deux collectionnent un art « en train de se
faire21 » et qu'ils sont souvent très investis auprès des artistes. Si collectionner est l'affaire d'une vocation, cela se vérifie d'autant plus pour celui
qui collectionne l'art urbain dès lors qu'il s'agit d'un courant artistique
17. M. Danysz, op. cit., p. 54.
18. TAG au Grand Palais par le collectionneur Alain Dominique Gallizia du 27 mars au
26 avr. 2009 (www.grandpalais.fr/fr/article/tag-au-grand-palais).
19. Une partie de la collection de Nicolas Laugero Lasserre est présentée au sein de l'école
42, voir E. Jardonnet « Le "1er musée du street art" a ouvert à l'école 42 », Le Monde,
4 oct. 2016 (en savoir plus sur www.lemonde.fr/arts/article/2016/10/04/le-1er-musee-dustreet-art-a-ouvert-a-l-ecole-42_5008104_1655012.html#jOtLiZJ6FqqIjO7b.99). Voir aussi,
pour un aperçu de la collection, le catalogue d'exposition Art urbain, Collection Nicolas
Laugero Lasserre, 2014, Lille, Lasécu.
20. Entretien avec le collectionneur Nicolas Laugero Lasserre.
21. Nathalie Moureau insiste sur les différences et les spécificités du collectionneur d'art
en train de se faire, lequel ne se contente pas d'acquérir des œuvres mais agit sur la scène
artistique, soit en apportant une aide matérielle aux artistes, soit en faisant leur promotion
(prêts, publication, mise à disposition d'un réseau). N. Moureau, D. Sagot-Duvauroux,
M. Vidal, Collectionneurs d'art contemporain : des acteurs méconnus de la vie artistique.
Étude pour le ministère de la Culture et de la Communication, 2015, Département des
études de la prospective et des statistiques, p. 22.

http://www.grandpalais.fr/fr/article/tag-au-grand-palais http://www.lemonde.fr/arts/article/2016/10/04/le-1er-musee-du

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