Contextes - Littératures populaires du droit - 101

CODeS, CODIFICATION eT PreSSe AMÉrICAINe

d'une imprimerie républicaine de la petite ville de Monroe (...) adoptés sans
que l'on ne change une barre aux t ou un point aux i100 ». Les journalistes
vont parfois plus loin en usant d'arguments aux relents populistes.
Nous pensons notamment au très complet et néanmoins concis
Vocabulaire juridique de Gérard Cornu, continuant le projet initié par
Henry Capitant, qui en est actuellement à sa 11e édition (PuF, Paris,
2016). Nous pourrions toutefois faire exception ici de l'« encyclopédie »
à fascicules mobiles Jurisclasseur, fondée en 1927 par les Éditions techniques (aujourd'hui LexisNexis), dont les articles, destinés aux praticiens,
ne négligent cependant pas pour autant les développements doctrinaux.
Néanmoins, si la volumétrie totale des Jurisclasseurs est fort conséquente,
leurs modes de mise à jour, leurs modes de fonctionnement et leurs spécialisations par branches et matières les distinguent des grands Répertoires
généraux du xixe siècle. Notons, en outre, que le modèle de diffusion par
fascicules mobiles, qui avait fait le succès immédiat de la collection, a été
complété, au début des années 1990, par une version télématique (JCT),
puis, au tournant des années 2000, par une version numérisée des articles sur
CD-rOM ; aujourd'hui, la version physique du Jurisclasseur est supplantée
par sa diffusion dématérialisée en ligne.

3. Des arguments aux relents populistes
Le deuxième argument le plus fréquemment avancé par les opposants
à la codification est celui de son coût, reposant sur les épaules du peuple : en
Louisiane, on dit qu'« en jetant un coup d'œil vers le passé de notre peuple
criblé de dettes, il semble que le droit ait toujours été en fait en prévision
d'une prochaine révision ; et une codification est à peine réalisée que l'on
appelle déjà à une suivante. On peut dire sans se tromper que chaque
nouvelle révision coûte au peuple un "vingt mille" (...)101 » ; à New York,
que « nous avons ici un exemple éclatant du résultat de ce code absurde et
ridicule permis par le peuple de cet État, par ignorance et présomption et
qui se trouve être un fardeau, et une dépense sans cesse augmentant, jour
après jour, semaine après semaine102 », ou que la codification pourrait être
vue comme « une récréation qu'un riche avocat aurait envie de s'offrir ;
malheureusement, le coût est à la charge des gens de cet État, (...) et des
milliers de dollars ont déjà changé de mains, ne bénéficiant à personne si ce
n'est aux juristes103 ». Il est d'ailleurs amusant de constater le changement
100. The Louisiana Democrat, 20 avril 1870.
101. The Weekly Comet, 11 février 1855.
102. The New York Herald, 17 septembre 1850.
103. The New York Herald, 24 avril 1852.

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