Contextes - Littératures populaires du droit - 115

L'ABC Du DrOIT

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Cependant, c'est la promulgation des Codes napoléoniens qui, à partir
de 1804, va rapprocher plus que jamais le profane de la loi. L'entreprise
codificatrice voulue par l'empereur permet enfin une unification du droit
français par grandes branches ; gloire de l'empire, le Code civil des Français
se doit alors de figurer en bonne place dans la bibliothèque de chaque pater
familias du pays. La qualité de sa prose, maintes fois vantée29, son esprit
systématique et sa rationalité rendront, enfin, le droit civil accessible aux
non-juristes.
Néanmoins, la loi, si claire et précise soit-elle, ne saurait tout prévoir
comme le précisait déjà Portalis dans son Discours préliminaire. en moins
d'une décennie, un riche corpus de jurisprudence et de doctrine prospère
en marge - et surtout en complément - du droit codifié. Dans ce contexte,
la lexicographie juridique du xixe siècle tend à déployer et à développer les
principes concis du Code au sein de volumineux Répertoires généraux, dont
celui de la maison Dalloz restera le plus célèbre30. Ces œuvres monumentales, qui se veulent tout aussi théoriques que pratiques, sont naturellement
destinées aux juristes.
une véritable innovation littéraire et éditoriale a toutefois lieu en 1813 ;
l'arrêtiste Jean-Baptiste Sirey publie un ouvrage qui formera un genre à part
au sein de la lexicographie juridique : le Code annoté31. Contrairement
aux dictionnaires ou répertoires classiques, le Code annoté de Sirey suit
l'ordre du Code civil, en illustrant ses articles de commentaires succincts
et de renvois à la jurisprudence ou à la doctrine. Le Code annoté deviendra
presque immédiatement un standard de la littérature juridique, et sera

29. V. notamment A. Teissier-ensminger, La fortune esthétique du Code civil, La
Mémoire du Droit, Paris, 2004.
30. Toutefois, le Répertoire de Dalloz ne sera pas le premier « répertoire général » du
xixe siècle ; nous avons déjà cité les Répertoires de Merlin de Douai et de Favard de Langlade
qui le précèdent et qui connaissent eux aussi un franc succès. À ces répertoires généraux, il
convient en outre d'ajouter une foule de dictionnaires et de répertoires spécialisés, dont les
premiers paraissent à l'aube du xixe siècle, comme le Code administratif, ou Recueil par ordre
alphabétique de matières, de toutes les Lois nouvelles et anciennes etc., de Fleurigeon,
Garnery, Paris, 1806. en droit administratif, les premiers publicistes adopteront, la plupart
du temps, un plan alphabétique dans leurs ouvrages, sans toutefois que ces derniers ne
constituassent de véritables dictionnaires ou répertoires ; v. notamment A. Blanchet, Code
administratif, 1839 ; C.-J. Lalouette, Classification des Lois administratives depuis 1789
jusqu'au 1er avril 1814, 1817 ; V.-H. Solon, Code administratif annoté, 1848, ou encore
C. Bonnin, Principes d'administration publique, 1809.
31. J.-B. Sirey, Le Code Napoléon annoté : des dispositions et décisions ultérieures de la
législation et de la jurisprudence, avec renvoi, pour l'indication des matières, aux quatre
principaux Recueils de jurisprudence, qui ont été publiés, depuis 13 ans, dans la Capitale,
Lacroix, Paris, 1813. Sirey fera d'ailleurs la publicité de son ouvrage innovant dans son
propre Recueil Général des Lois et des Arrêts (S.14.2.37).

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