Contextes - Littératures populaires du droit - 159

LeS « GuIDeS Du SINISTrÉ » (1915-ANNÉeS 1920)

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si certains ouvrages se rapprochent du traité ou du répertoire juridique
à vocation pratique ou professionnelle (mais non théorique, cf. n° 15 et
16), d'autres s'en distinguent nettement. Cela peut se traduire par un
vocabulaire simplifié (n° 2) ou par la définition des termes techniques13,
même si plusieurs guides maintiennent le vocabulaire juridique spécialisé (par exemple le guide n° 7, malgré une forme éditoriale innovante).
L'utilisation d'exemples concrets, de calculs notamment, est fréquente,
mais non systématique (n° 2, 4, 12, 13).
La forme de l'argumentation est davantage marquante, selon deux
tendances dominantes : le récit organisé de façon progressive pour guider
le sinistré dans toutes les étapes de la demande ; le découpage du texte
autorisant une lecture non linéaire. La lecture suivie paraît la forme la
plus simple ; elle signifie une progression par étapes de l'argumentation,
formant un récit complet du processus d'indemnisation, de la demande
au versement des indemnités, ou d'une partie de celui-ci (n° 1, 2, 6, 10,
11). Peu de marqueurs permettent une circulation interne dans le texte
(index, renvois, titres). Ce mode de lecture impose l'idée que la lecture
exhaustive est nécessaire et suffisante. D'autres guides multiplient au
contraire des signes facilitant le repérage des articulations du propos.
C'est particulièrement le cas des questions-réponses scandant le texte
(n° 5, 8 et partiellement n° 2), qui offrent une énonciation plus orale
et dynamique, destinée à faciliter la compréhension14. Certains guides
multiplient les divisions, numérotent les paragraphes (n° 4) et offrent des
systèmes de renvoi entre la table des matières alphabétique et le contenu
(n° 16) : ils créent une circulation interne au texte, à rebours de la lecture
linéaire.
Ces caractéristiques ne sont pas nécessairement exclusives. Le guide
Après la commission cantonale (n° 13) associe ainsi les deux possibilités,
lectures linéaire et ponctuelle. D'un côté, le plan de l'ouvrage est structuré,
du point de vue du sinistré, selon les étapes de l'indemnisation, décrites
dans le détail (« Ce qu[e le sinistré] peut obtenir avant d'avoir obtenu ses
titres » ; « Ce qu'il doit faire pour être payé »). Cette lecture linéaire peut
cependant être surmontée : plusieurs marques typographiques (utilisation de capitales, de caractères gras), des titres sous forme de questions,
13. Le guide n° 6 parle d'antichrésiste, mais une note p. 11 en donne la définition.
14. Cf. n° 8 (organisé sous forme d'une série de 11 questions), p. 3 : « Pour plus de clarté,
nous traiterons le sujet en procédant par questions et réponses en suivant l'ordre successif
des démarches et des opérations [...] ». Sur la forme des questions-réponses dans les textes
juridiques à vocation de vulgarisation et la comparaison avec les catéchismes, G. richard,
« Des répétitions écrites de Cabantous aux principes généraux du droit administratif de
Jèze : évolution de la conception du droit administratif ou transformation formelle des
manuels ? », in A.-S. Chambost (dir.), L'Histoire des manuels de droit, Paris, LGDJ, 2014,
p. 201-217.

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