Contextes - Littératures populaires du droit - 32

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LITTÉrATureS POPuLAIreS Du DrOIT

voir plus clair. Tout d'abord, la répartition des éditeurs entre Paris et la
province fait ressortir une nette prépondérance des éditeurs parisiens (une
cinquantaine) contre une vingtaine d'éditeurs provinciaux. On remarque,
dans l'ensemble, la présence d'une kyrielle de petits éditeurs méconnus,
mais également celle de toutes les grandes maisons d'édition de l'époque,
juridiques ou générales86. Cependant, aucune de ces maisons d'édition
ne publie plus d'un ou deux ouvrages de littérature populaire du droit.
Certains juristes éditent d'ailleurs leurs ouvrages à compte d'auteur : faut-il
y voir un signe de la désaffection des éditeurs pour ce genre particulier ? Il
est vrai qu'à l'heure de l'explosion du marché de l'édition, dans la seconde
moitié du xixe siècle, il devient essentiel, pour les éditeurs juridiques, de
disposer d'ouvrages de professeurs renommés leur attirant un important
capital symbolique. Hormis ces grands noms de la science du droit, les
éditeurs ont tendance à privilégier un public sûr, au premier chef duquel
il faut compter les étudiants et les praticiens87.
Publier des ouvrages de droit pour les profanes ? Financièrement
parlant, le pari est sans doute risqué pour des éditeurs demeurant visiblement frileux. À défaut d'archives, il demeure très délicat d'évaluer le
succès de tels ouvrages même si le dépouillement de quelques publications
périodiques du xixe siècle révèle l'existence de recensions de ces publications, dans des revues aussi célèbres que la Revue générale du droit88,
le Bulletin de la Société de législation comparée89, la Revue critique de
86. C'est le cas des éditions Félix Alcan, Belin, Charles Delagrave, Chevalier-Maresq
(qui s'associe avec Pichon pour fonder LGDJ en 1904), Cotillon, Dalloz, Durand-Auzias,
Fayard, A. Fontemoing, Garnier, Giard et Brière, Hachette, les Imprimeries administratives, Larose, Victor Lecoffre, Marchal et Billiard (éditeur de la Cour de cassation), Albin
Michel, Nathan, Pedone et Lauriel, Plon, Arthur rousseau ou encore Thorin (qui devient
Fontemoing).
87. Nous reprenons, sur ce point, les stimulantes analyses de G. richard, « Les professeurs de droit parisiens et l'édition juridique sous la IIIe république », in e. Parinet et
e. Picard (dir.), Édition & Université, Paris, éd. de l'eHeSS, à paraître.
88. « Compte rendu de Baudoin, Guide pratique de droit usuel », par Petit, RGD, 1890,
p. 366 ; « Compte rendu de Gaure, Questions pratiques de droit rural et usuel », par Lefort,
RGD, 1891, p. 176 ; « Compte rendu de Bonpaix, Répertoire de jurisprudence à l'usage des
architectes, entrepreneurs et ouvriers du bâtiment », RGD, 1892, p. 174 ; « Compte rendu de
Dévot, Cours élémentaire d'instruction civique et d'éducation patriotique », par Pereira,
RGD, 1895, p. 382 ; « Compte rendu de Watrin, Code rural et droit usuel », par Teissier,
RGD, 1903, p. 470 ; « Compte rendu de Girault, Notions de droit usuel », par Loubers,
RGD, 1911, p. 273.
89. F. Daguin, « Compte rendu du Manuel populaire du conseiller municipal. Texte
et commentaire pratique de la loi du 5 avril 1884, par Ferdinand Dreyfus (député),
Paris, A. Quantin, 1884 », Bull. SLC, 1884-1885, p. 593-594 ; Guérin, « Compte rendu
d'e. Acollas, Le droit mis à la portée de tout le monde », Bull. SLC, 1885-1886, tome 15,
p. 539 ; Guérin, « Compte rendu d'e. Acollas, Le droit mis à la portée de tout le monde »,
Bull. SLC, 1886-1887, tome 16, p. 263 ; F. Daguin, « Compte rendu de J. Gaure, Questions
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