Grands Colloques - Travail et protection sociale : de nouvelles articulations ? - 119

PIerre-YVeS VerKINDT

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été consacrées6, comme de nombreux articles7, révélant une image plus
composite qu'homogène. Dans ce contexte, se poser la question de savoir
s'il faut « repenser » la notion pourrait paraître une gageure, un défi que
seule une bonne dose d'inconscience pourrait expliquer.
Pourtant, le sens, même intuitif, donné à une notion renvoie toujours
à un contexte pratique et conceptuel, en un mot à un paradigme entendu
comme un ensemble d'idées et de représentations, d'institutions et de
normes, ou encore de pratiques - volontaires ou inconscientes - qui font
consensus à un certain stade de son développement. Mais l'on sait que
lorsque les composantes de ce paradigme se transforment, le sens de la
notion est susceptible de se modifier alors même que le mot ou l'expression
qui supportent la notion ne changent pas.
À partir de là, s'interroger sur la nécessité de « repenser » une notion
oblige à faire un effort pour la situer, dans ses champs lexical, sémantique, sociologique ou même philosophique et à laisser se construire
une définition par ajustements successifs partant des usages du mot. Au
surplus, lorsque la notion, comme c'est le cas pour celle de « risque social »,
comporte deux éléments (le risque/social), il faut prendre en considération le système qu'offrent les deux composantes de l'expression. Le mot
« risque » comporte en effet son propre champ sémantique ou lexical, mais
le rapprochement de l'adjectif social vient modifier la donne ainsi que le
sens du mot et, par-là, l'expression associant les mots « risque » et « social ».
Il suffit, pour s'en convaincre, de remplacer le mot « social » par un autre
adjectif tel que juridique ou industriel ou technologique, etc., pour voir
non seulement l'expression changer de nature mais de plus le mot « risque »
prendre une autre tonalité.
Une fois accomplie cette première étape, il faudra se demander pour
quelles raisons il faudrait repenser la notion. Pourquoi faudrait-il le faire ?
Cette interrogation relative aux causes premières est sans aucun doute
r. Lafore, « La notion de risque social », regards 2006, p. 24 ; e. Alfandari, « L'évolution
de la notion de risque social », rIDe n° 1/1997, p. 14 ; M.-T. Join-Lambert, Les « nouveaux
risques », Dr. soc. 1995, p. 779.
6. C. riot, Le risque social, Thèse Montpellier, 2005 ; Th. Courvalin, La notion de risque
social : une responsabilité au service de la dignité de la victime, Thèse Paris ouest, 2013 ;
V. aussi, quoique n'étant pas exclusivement consacrées à la notion de risque social, les thèses
de F. Millet, La notion de risque et ses fonctions en droit privé, PU Clermont Ferrand, 2001 ;
L. Camaji, La personne dans la protection sociale, Dalloz, Nouvelle bibliothèque des thèses,
2008 ; J. Knetsch, Le droit de la responsabilité et les fonds d'indemnisation, LGDJ 2013,
spéc. n° 321 et s. et 381 et s. ; J. Morin, Le régime d'indemnisation des accidents du travail
et des maladies professionnelles et la responsabilité civile, Thèse Paris 1, 2016.
7. J.-P Chauchard, « Les nécessaires mutations... », op. cit ; r. Lafore, « La notion de risque
social », op. cit. ; e Alfandari, « L'évolution de la notion de risque social », op. cit. ; M.-T.
Join-Lambert, Les « nouveaux risques », op. cit.
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