Hors collection - Pouvoir politique et finances publiques : quels enjeux au Maroc et en France - 203

MOHAMED BERRADA

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pas notre cas. Le problème ne réside pas dans le niveau de déficit soutenable, mais des moyens mobilisables pour le financer. Si on le finance avec
des ressources internes, cela va se répercuter à terme sur le déficit externe
et donc retour à la case de départ.
L'objectif du Programme d'ajustement est donc de réduire les déficits
internes et externes pour pouvoir rembourser. Et pour cela, il faut réduire
d'abord les dépenses publiques. D'abord si possible au niveau des dépenses
de fonctionnement et en particulier de sa composante du personnel.
Cette réduction des dépenses était accompagnée d'une stratégie d'amélioration des recettes fiscales par une réforme profonde de la fiscalité. Mais
aussi d'autres réformes structurelles en relation surtout avec la Banque
mondiale qui ont permis au pays de sortir du cycle de rééchelonnement
en 1993.
Le gouvernement avait-il la maîtrise de sa politique ? Non. Il devait
composer avec le Fonds. Le FMI est le gardien des intérêts des créanciers.
Mais le pouvoir politique était décidé à prendre les mesures nécessaires
pour retrouver sa souveraineté financière. Sa politique d'assainissement des
finances publiques était menée en concert avec les experts du Fonds dans
le cadre de négociations où il fallait convaincre et être convaincu.
Revenons à l'histoire. À partir des années 1970-1980, on assiste donc à
un abandon des théories keynésiennes et à un retour à la pensée libérale.
Avec plus de vigueur : reaganisme, thatchérisme à la mode ! On assiste à
des mouvements de déréglementation en particulier du système financier,
rigueur budgétaire, privatisation, limitation du rôle de l'État, concurrence
et accélération du processus du libre-échange.
Je pourrais dire qu'avec l'avènement de ce courant ultralibéral, le pouvoir
politique se trouve transféré peu à peu au marché, à d'autres entités.
Je voudrais le montrer à travers quelques exemples.
Ainsi, dans notre pays, tous les gouvernements qui se sont succédé
depuis le PAS ont été imprégnés par ce courant économique : socialistes,
istiqlaliens, communistes, islamistes, et les autres partis politiques, tous
sont devenus peu à peu des libéraux. La politique keynésienne n'est plus
d'actualité. Cette orientation vers une sorte de pensée unique appauvrit les
différences et les débats d'idées dans le domaine économique.
Les politiques sont devenus otages de la pensée classique. C'est comme
si le politique était dominé par une force extérieure qui réduisait sa capacité
d'agir sur les finances publiques. L'objectif principal est seulement d'ordre
technique : veiller à l'équilibre budgétaire et limiter la progression de la
dette publique.

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