Bibliothèque d'histoire du droit et droit romain - L'École de Le Play et le droit - Tome 34 - 189

LA MÉTHODE SOCIALE LEPLAYSIENNE AU SERVICE DES JURISTES

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institutions britanniques, de Raymond Saleilles, qui fait profiter l'École de sa
connaissance de la science juridique allemande235, de Maurice Dufourmantelle
(1862-1933)236 ou encore d'Auguste Souchon. Mentionnons également la participation aux congrès leplaysiens de Raoul de la Grasserie, d'Edmond Thaller, de
Charles Lyon-Caen ou encore d'Alphonse Boistel. La perspective comparatiste
commune aux leplaysiens et à ces juristes rénovateurs permet par conséquent, à
défaut d'une « alliance décisive et durable », une « rencontre parfois féconde »237.
Il nous semble toutefois que l'appartenance commune de certains juristes à la
Société de législation comparée et à la Société d'économie sociale atteste de liens
sensiblement plus forts et plus durables qu'une simple rencontre. Livrent ainsi
des contributions au Bulletin de la Société de législation comparée les leplaysiens
Georges Picot238, Jules Lacointa239, Joseph Ferrand240, Paul Hubert-Valleroux241,
235. Cf. sur ce point ROBERT (J.-H.), Saleilles et le comparatisme, Revue d'histoire des facultés
de droit et de la science juridique, n° 12 (Gaston Jèze), 1991, p. 143-149. Saleilles, exécrant l'exégèse,
prônait l'observation scientifique et objective des faits sociaux. À ce titre, et se défiant en outre de la
politisation du législateur, il envisageait le droit comparé comme une source matérielle du droit.
236. Né en 1862, Jean-Maurice Dufourmantelle, diplômé de l'École libre des sciences politiques,
obtient son doctorat en droit à Paris en 1890 (De l'acquisition de la possession héréditaire par les
successeurs du défunt en droit romain ; De la saisine héréditaire en droit français). Avocat à partir de
1883, il est professeur au Collège libre des sciences sociales à partir de 1898 et membre de son comité
de direction à partir de 1923. Il est, de surcroît, chargé de conférences de législation et d'économie
industrielle à la faculté de droit de Paris. Maurice Dufourmantelle conjugue ses fonctions d'enseignant
avec un intense prosélytisme social. Il s'investit notamment durablement au sein de la Société française
des habitations à bon marché, qu'il préside. Il est également, en 1900, secrétaire général du Centre
fédératif du crédit populaire, fondé par Eugène Rostand et Charles Rayneri. Il participe, de surcroît,
aux travaux du Musée social, et adhère à l'Alliance française, à l'Alliance d'hygiène sociale fondée en
1904, à la Fédération internationale de l'habitation et de l'aménagement des villes, et à « La maison
pour tous » (1916). Il est, enfin, vice-président de l'Office public d'habitations à bon marché du
département de la Seine (1916). Président de la Société de législation comparée, il adhère également à
la Société de sociologie de Paris en 1905, et écrit dans la Revue internationale de sociologie et dans la
Revue économique internationale. Spécialiste de droit industriel, il fait paraître, en 1892-1893, un Code
manuel de droit industriel, l'un des premiers ouvrages de synthèse relatif au droit du travail, ainsi que
divers ouvrages consacrés au crédit populaire, aux syndicats ouvriers, ou encore au repos du dimanche.
Sa connaissance de la langue allemande en fait également un spécialiste reconnu du droit de ce pays.
Au sein du mouvement leplaysien, il appartient à la Société d'économie sociale depuis 1890, avant
d'assumer les fonctions d'administrateur en 1908. Président de la SES en 1912, il participe également
à l'aventure du Comité de défense et de progrès social. Il s'éteint en 1933 (GRUNEBAUM-BALLIN
(P.), Maurice Dufourmantelle, Bull.  SLC, n°  10-12, oct.-déc. 1933,  p.  463-466, AUDREN (F.) et
SAVOYE  (A.), Index des juristes..., op.  cit.,  p.  227, HALPÉRIN (J.-L.), v° Dufourmantelle JeanMaurice, dans ARABEYRE (P.), HALPÉRIN (J.-L.) et KRYNEN (J.) (dir.), Dictionnaire historique ...,
op. cit., p. 271, et SAVOYE (A.), Les paroles et les actes..., op. cit., p. 94).
237. HALPÉRIN (J.-L.), Le Play et ses continuateurs face aux exemples..., op. cit., p. 154.
238. PICOT (G.), Observations de M. Picot sur l'étude de M. Favey relative à l'organisation
judiciaire en Suisse, Bull.  SLC, 1880-1881, tome 10,  p.  89, Allocution de M. le président Georges
Picot, Bull.  SLC, 1899-1900, tome 29,  p.  70-78, et Allocution de M. le président Georges Picot,
Bull. SLC, 1900-1901, tome 30, p. 75-81.
239. Communication de M. Lacointa sur la suppression de l'hypothèque judiciaire à l'île
Maurice, Bull.  SLC, 1880-1881, tome 10,  p.  110, et Observations de M. Lacointa sur le régime
municipal des îles d'Houat et d'Hoedic, Bull. SLC, 1882-1883, tome 12, p. 196-210. Notons également
que Jules Lacointa livre quelques comptes rendus d'ouvrages au tournant du siècle.
240. Étude de M. Ferrand sur la réforme municipale en France et en Italie, Bull.  SLC, 18801881, tome 10, p. 226-307.
241. Communication de M. Hubert-Valleroux sur le divorce en Angleterre, Bull. SLC, 18811882, tome 11, p. 150-165, Comptes rendus d'ouvrages, Bull. SLC, 1881-1882, tome 11, p. 261-268,
Étude de M. Hubert-Valleroux sur les lois étrangères concernant la responsabilité des patrons
envers leurs ouvriers blessés, Bull.  SLC, 1882-1883, tome 12,  p.  219-245, Étude par M. HubertValleroux sur les lois anglaises relatives aux logements ouvriers, Bull.  SLC, 1883-1884, tome  13,
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