Systèmes - Dynamiques du droit de l'urbanisme - 1re - 23

L'urbanisme avant son droit

thèmes plus vastes qui relèvent de l'urbanisme. Il s'intéresse ainsi à la
détermination du site où construire la ville (« lorsqu'on aura choisi une
contrée dont la fertilité soit en l'apport avec les besoins des habitants,
lorsque le bon état des chemins, le voisinage avantageux d'une rivière ou
d'un port de mer, ne donneront rien à craindre pour la facilité des
transports nécessaires à l'approvisionnement de la ville ») puis, une fois
que les fondements des murs et des tours sont réalisés et l'enceinte
dressée, invite à « s'occuper de l'emplacement des maisons, et de
l'alignement des grandes rues et des petites, suivant l'aspect du ciel »,
dans le but notamment « d'empêcher que les vents n'enfilent les rues »
puis « à choisir l'emplacement des temples, du forum et autres endroits
publics, de manière que tous les citoyens y trouvent commodité et
avantage », donnant ensuite de nombreuses indications selon la vocation
des édifices et la configuration des lieux.
Ces réflexions se sont très tôt traduites dans des politiques d'aménagement
et de construction, voire par des premières règles d'urbanisme.
La France sous l'Ancien Régime en offre l'illustration.
Le monarque intervient pour façonner ses villes pour des raisons
militaires, hygiéniques, économiques, politiques, esthétiques, etc. Ainsi
Philippe Auguste, « le premier roi urbaniste », fait édifier une nouvelle
enceinte autour de Paris de 1180 à 1210. Son périmètre, long de
3 000 mètres environ, court de part et d'autre de la Seine sans englober le
Louvre ou le bourg de Saint-Germain. Le roi ordonne le pavage des rues et
une rigole d'évacuation des eaux pluviales ou usées en leur milieu, qui se
déverse dans un « esgout » à ciel ouvert, contournant Paris au nord.
Le relais est pris par les monarques qui se succèdent : Charles V, dit « le
Sage » mais aussi « le Grand bâtisseur », étend le périmètre de la ville
en 1370, principalement sur la rive droite, siège du pouvoir et de
l'administration, par la construction d'une nouvelle enceinte. Henri IV se
qualifie lui-même « l'amy des bâtisseurs ». Il embellit par la construction de
places (Dauphine, Royale ou des Vosges), de ponts et de jardins, tel celui du
Palais Royal. Louis XIV prend un édit royal en 1670 ordonnant la
transformation de l'enceinte de Charles V en boulevards de 36 mètres de
large plantés d'arbres, prolongés par des voies jusqu'à Vincennes à l'est et
Versailles à l'ouest. Il décide par ailleurs la création des grands boulevards.
Et Louis XVI autorise la construction d'une nouvelle enceinte, en 1785,
l'enceinte des Fermiers Généraux qui suit le tracé des grands boulevards,
limite administrative de la ville jusqu'en 1860, destinée non à assurer sa
sécurité, mais à empêcher les Parisiens de frauder l'octroi. « Le mur
s'élevait au milieu [des boulevards] ; en deçà régnait dans la ville un chemin
de ronde ; au-delà, le boulevard extérieur proprement dit, qu'un espace libre
de 50 toises (100 mètres) devait à l'origine séparer de toute bâtisse »4.
4. BOURNON F., Paris Atlas, Librairie Larousse, 1900.

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