Contextes - Penser l'ancien droit privé - 124

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DROITS PRIVÉS NON OCCIDENTAUX

connaissance avec précision les raisons de l'engagement de celui qui, ancien
assistant de Maurice Leenhardt, s'est soudain intensément investi en ethnologie juridique dans les années 1950, avant de voguer vers de nouveaux
horizons dans les années 1970, délaissant alors une discipline qu'il avait
pourtant largement contribué à organiser. Son intérêt pour l'ethnologie
juridique semble émerger de sa double formation, en lettres et en droit, qui
le pousse à mener sa deuxième enquête de terrain au Sénégal et au Soudan
(Sahel soudanais, Soudan et delta central du Niger), où il conduit, de 1947
à 1949, une recherche portant sur l'acculturation juridique, l'évolution du
mariage et de la famille et les croyances religieuses. Son intérêt précoce
pour l'ethnologie juridique se renforce lors de sa rencontre, dont on ignore
au juste les circonstances, avec Henri Lévy-Bruhl, qui lui présente Michel
Alliot et Jean Chabas63. C'est aux côtés de ces trois collègues qu'il contribue
à la création, en 1955-1956, du premier enseignement de « droits coutumiers
africains » à la faculté de droit de Paris64. Professeur, à cette date, à l'École
nationale de la France d'Outre-Mer, il avait repris après-guerre le cours
d'« ethnologie et droit coutumier africain » dispensé par Henri Labouret65
et venait de fonder, avec le professeur britannique de droit africain Antony
Allott (1924-2002) l'Association internationale de droit africain. Fort de
cette expérience, c'est lui qui, déplorant qu'il n'existât alors que des enseignements de droit musulman, aurait soufflé l'idée de la création d'un tel
enseignement à Henri Lévy-Bruhl66. Quelques années plus tard, en 1959,
anthropologique des quatre volumes de L'encyclopédie philosophique universelle (19901992). Enfin, on lui doit une Histoire de l'ethnologie, parue en 1969 dans la collection « Que
sais-je » des Presses Universitaires de France. L'ancien président de l'Académie des Sciences
d'Outre-Mer décède à Nice, le 2 juillet 2009, à l'âge de 97 ans (B. Brou, « L'ethnologie est
en deuil. Le professeur Jean Poirier n'est plus », Bulletin de la Société d'études historiques
de Nouvelle-Calédonie, t. 161, 2009, p. 50-53 ; « À la rencontre de Jean Poirier. Propos
recueillis par André Carénini et Jean-Pierre Jardel », De la tradition à la post-modernité.
Écrits en hommage à Jean Poirier, dir. A. Carénini et J.-P. Jardel, Paris, PUF, 1996, p. 3-11 ;
Archives du Museum d'histoire naturelle. Fonds Paul Rivet, CV de Jean Poirier daté de 1946,
2AP1C16b et Correspondance de Raymond Decary avec Jean Poirier, CV de Poirier datant
vraisemblablement de 1972, mss. 3945-3958).
63. J. Poirier, « Mes Afriques », Anthropologie et Droit : intersections et confrontations,
Paris, Khartala, 2004, p. 324.
64. H. Lévy-Bruhl, « Introduction à l'étude du droit coutumier africain », Revue internationale de droit comparé, t. 8/1, janvier-mars 1956, p. 66-77. Il s'agit en réalité de la
leçon d'ouverture de son cours de droit coutumier africain, prononcée le 30 janvier 1956
à la faculté de droit de Paris. Lévy-Bruhl se contente de dispenser cette leçon inaugurale,
assurant uniquement par la suite la liaison et le suivi des enseignements dispensés par Alliot,
Poirier et Chabas.
65. J. Poirier, « L'ethnologie juridique », Revue de l'enseignement supérieur, t. 3, 1965,
p. 30.
66. J. Poirier, « Situation actuelle et programme de travail de l'ethnologie juridique »,
Revue internationale des sciences sociales, t. 22/3, 1970, p. 515 ; du même, « Mes Afriques »,
loc. cit., p. 324.
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