Contextes - Penser l'ancien droit privé - 134

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DROITS PRIVÉS NON OCCIDENTAUX

conseil de la Société du folklore français en 1930, il en avait pris la présidence en 1932, pour aussitôt l'ouvrir au « folklore colonial ». Animateur
majeur de la Revue de folklore français, il avait profité de sa position pour
tenter de sensibiliser ses collègues folkloristes à un domaine relativement
nouveau : le folklore juridique104.
C'est dans cette perspective que Maunier élabore un questionnaire105,
adossé au Musée des Arts et Traditions populaires106. Destiné à servir de
base de travail à des enquêtes collectives locales, ce questionnaire s'inscrit à la fois dans le cadre de la Société de folklore français et dans celui
du Comité des recherches collectives de l'Encyclopédie française, fondée
en 1934 et présidée par Lucien Febvre, dont Maunier assure la vice-présidence. À l'image de celui de Poirier, son questionnaire est précédé d'une
longue introduction explicative. Le folklore juridique lui apparaît comme
« ce qui survit dans nos pays, coutumièrement, populairement, des états de
droit qui, dans l'ancien temps, ont régné chez nous »107. Il faut insister sur la
nouveauté radicale du projet de Maunier, pour qui ce « droit populaire » ne
se confond pas avec le « droit coutumier des jurisconsultes ». Il s'agit d'un
ensemble d'usages populaires, « suivi sans être publié », « observé sans être
promulgué », « accepté mais non pas établi »108. En somme, résume Maunier,
la science républicaine rétive au folklore ? », Revue d'histoire des sciences humaines, n° 20,
2000, p. 129-162 ; B. de L'Estoile, « Une petite armée de travailleurs auxiliaires : la division
du travail et ses enjeux dans l'ethnologie française des années 1930 », Cahiers du centre de
recherche historique, 2005, p. 31-59 ; R. Meyran, Folklore, « genres de vie » et Révolution
nationale : les revues d'ethnologie et l'ethnologie dans les revues sous le régime de Vichy
(1940-1944), Rapport pour la mission du patrimoine ethnologique, 2002 ; B. Müller et
F. Weber, « Réseaux de correspondants et missions folkloriques. Le travail d'enquête, en
France, vers 1930 », Gradhiva, t. 33, 2003, p. 43-55 ; F. Weber, « Le folklore, l'histoire et
l'État en France (1937-1945) », Revue de synthèse, t. 3/4, 2000, p. 453-467.
104. Ainsi, par exemple, en 1932, il invite l'un des grands ténors des études folkloriques,
Pierre Saintyves, à parler du folklore juridique lors de l'une des conférences de la salle de
travail d'ethnologie juridique. À partir de 1933, il ouvre les portes de la Revue de folklore
français au professeur de droit Gabriel Le Bras, fondateur du groupe de sociologie des
religions, occupé à des études sociologiques et cartographiques sur les pratiques religieuses
françaises. En 1938, Georges-Henri Rivière, fondateur du tout nouveau Musée national
des arts et traditions populaires, organise à Radio-Paris une série d'émissions destinées
à familiariser le public avec le musée. Or, l'une d'entre elles concerne le droit populaire.
Maunier y participe, en compagnie de l'un de ses élèves, le magistrat Gabriel Jeanton (18811943), spécialiste du folklore bourguignon. Ces enregistrements n'ont malheureusement
pas été conservés.
105. R.  Maunier, Introduction au folklore juridique. Définition. Questionnaire.
Bibliographie, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1938.
106. Sur ce dernier, voir M. Maget, « À propos du Musée des Arts et Traditions populaires
de sa création à sa libération », Genèses, t. 10, 1993, p. 90-107 et M. Segalen, Vie d'un Musée
1937-2005, Paris, Stock, 2005.
107. R. Maunier, Introduction au folklore juridique..., op. cit., p. 7.
108. Ibid., p. 15.
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