Systèmes - La conduite du changement climatique : entre contraintes et incitations - 1re - 158

La conduite du changement climatique

sont toutes pertinentes du point de vue de l'adaptation et de
l'atténuation, font des services publics locaux un domaine stratégique
pour la conduite du changement climatique. Celle-ci s'exerce donc à
travers toute intervention publique, de manière plus ou moins
immédiate. Il s'agit d'un dispositif, mais qui n'est pas pensé comme
tel. Les règles et les normes sont éparses et n'ont pas été toutes
conçues les unes par rapport aux autres. Elles relèvent de secteurs
différents et leur valeur varie.
Une autre difficulté dans l'identification d'un droit du changement
climatique tient au fait que les mesures portant sur le changement
climatique ne sont pas toujours labellisées comme telle. Il est donc
difficile de les identifier. C'est particulièrement le cas de l'adaptation.
Ainsi la politique locale d'entretien et d'aménagement des parcs
municipaux et espaces verts pourrait être désignée comme de
l'adaptation au changement climatique dans la mesure où elle
contribue, par exemple, à limiter l'inconfort suscité par le phénomène
d'îlot de chaleur urbain, dans un contexte où les canicules sont
amenées à se reproduire de plus en plus souvent. Pourtant elle n'est
que rarement présentée comme telle.
Ce flou est entretenu aussi par l'apparition ou du moins le succès
nouveau, de termes empruntés à d'autres disciplines et qui régulièrement
transforment les discours puis les normes. Ainsi la « résilience » qui
trouve son origine dans les sciences des matériaux fait aujourd'hui
concurrence au terme d'adaptation sans qu'on ne parvienne bien à
les distinguer20. De même, l'expression « croissance verte »
concurrence celle de « développement durable ». Sachant que le
choix des termes va là aussi cadrer la réflexion et le type de
mesures finalement adoptées pour répondre au changement
climatique, c'est un phénomène à prendre en compte. Ces
rhétoriques divergentes correspondent à des visions différentes du
futur en général, et du poids à accorder au progrès économique en
particulier.
Enfin, en fonction des objectifs qu'elle poursuit, une norme pourra
incidemment aborder la question du changement climatique, sans qu'il
20. Comme pour l'expression « changement climatique », les termes employés suscitent des
réactions variées. Chaque terme semble en effet susciter des mobilisations différentes.
L'« adaptation » entraîne des réactions de nature individuelle face à des risques qui
semblent « gérables », alors que la « résilience » évoque des dangers pour lesquels une
préparation collective est nécessaire (comme cela a pu être démontré pour des risques
associés à une hausse du niveau de la mer et du nombre des inondations). Cf. WONGPARODI G., FISCHHOFF B., STRAUSS B., « Resilience vs. Adaptation : framing and action »,
Climate risk management, 2015, 10, p. 1-7.

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