Systèmes - La conduite du changement climatique : entre contraintes et incitations - 1re - 97

Les ONG environnementales dans la lutte contre le changement climatique

(de type NIMBY pour les Anglo-Saxons) pouvant aller à l'encontre de la
tradition et des autorités en place.
2. L'influence des grandes entreprises
L'influence des grandes entreprises sur les ONG de défense de
l'environnement peut s'exercer de différentes façons. La puissance
du lobbying des industries polluantes ou plus largement de la
stratégie politique de ces industries34, dont le lobbying n'est qu'une
forme d'influence parmi d'autres comme l'utilisation de think-tanks,
de cabinets d'avocats, de firmes de relations publiques, ou encore
l'utilisation de fondations subventionnant et influençant recherche
scientifique, en est la principale.
En matière d'influence des gouvernements, les industries
polluantes (secteur énergétique fossile, automobile) sont parmi les
plus puissantes avec une influence géopolitique, capable de faire et
défaire35 certains régimes politiques. En plus de cette influence
géopolitique, l'activité politique des industries polluantes a consisté à
augmenter les donations lors des campagnes électorales, développer
des alliances et des partenariats avec les principales ONG de défense
de l'environnement et les agences gouvernementales de manière à
provoquer la cooptation, créer artificiellement des mobilisations
sociales paraissant spontanées36, organiser des politiques de relations
publiques qui vont chercher à influencer l'opinion publique par
différents moyens.
Le rôle des scientifiques salariés au sein des industries
polluantes est plus subtil : en comparant les rôles respectifs de ces
scientifiques chez General Motors et Ford, Rothenberg et Levy37 ont
montré comment le degré d'indépendance plus important chez
General Motors a favorisé l'émergence d'un discours réaliste face à
l'existence du changement climatique permettant le développement
de solutions comme la création d'un véhicule électrique pendant que
Ford restait sceptique sur ce même sujet.
34. BARLEY S. R., « Building an Institutional Field to Corral a Government : A Case to Set an
Agenda for Organization Studies », Organization Studies, 2010, 31, p. 777-805.
35. NEWELL P. and PATERSON M. (2009), « The politics of the carbon economy », in BOYKOFF M. (ed.),
The Politics of Climate Change : A Survey, London : Routledge, p. 80-99 ont décrit comment
la collusion entre pétroliers et gouvernements, consécutive à l'accumulation capital dans
le secteur pétrolier, a permis l'infiltration progressive au sein de l'appareil d'État
(gouvernement et administration).
36. Phénomène d'Astroturfing.
37. ROTHENBERG S., LEVY D. L., « Corporate Perceptions of Climate Science : The Role of
Corporate Environmental Scientists », Business & Society, 2012, 51, p. 31-61.

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