Contextes - La Grande Guerre et son droit - 211

MBArK WANAIM

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se sont dirigés au palais pour faire part au sultan de leur mécontentement.
« Sommes-nous tes soldats ou ceux des chrétiens »4, déclarent-ils, abruptement, au souverain qui leur ordonne le calme et la retenue. Suite à cette
insurrection, le protectorat ordonne la dissolution immédiate de l'armée
chérifienne. Puis, sur les ruines de celle-ci, furent institués (début juin 1912)
de nouveaux contingents portant le nom de troupes auxiliaires marocaines
(tAM). S'appuyant sur l'esprit dudit traité, le protectorat fit débarquer
sur le sol marocain toutes les compétences civiles et militaires ayant une
expérience en matière de gestion, de contrôle et de conquête militaire
acquises en d'autres colonies. Pour renforcer son emprise sur les tAM, le
général Moinier, commandant les troupes débarquées au Maroc, éloigne
de leurs rangs tous les soldats réfractaires à la discipline, au comportement
douteux ou tout simplement ceux impliqués d'une manière quelconque
dans la récente mutinerie qui a ébranlé la ville de Fès. La construction des
tAM, initiée par Moinier en 1912, fait penser à l'expérience de son émule
le général d'Amade qui, en 1908, avait ordonné la création de six goums
mixtes marocains, dans la région de la Chaouia5. Moinier s'est-il inspiré
de l'expérience de son émule pour échafauder ses tAM ? Quoiqu'il en
soit, et bien que le contexte et les circonstances de la création des tAM et
des goums marocains soient différents, il faut admettre que les procédés
employés dans leur construction et les objectifs qui leur furent fixés se
ressemblent relativement. Il en va de même pour leur emploi.
Pour les tAM, cette emprise coloniale se traduit par un certain nombre
de mesures qui, dans leur ensemble, consiste à entreprendre une politique
de refonte du makhzen et de ses appareils sécuritaires. La mutinerie qui
précède la signature du traité de Fès offre cette opportunité au protectorat
pour faire des contingents des troupes auxiliaires marocaines, en remplacement à l'ancienne armée chérifienne dissoute, le premier noyau d'une armée
nouvelle, taillée sur mesure et dont le commandement de son état-major
ainsi que celui de ses unités est entièrement français.
N'ayant pas été créées par une loi ou par décret, les troupes auxiliaires
marocaines allaient, en dépit de ce vide juridique, grandir et évoluer. Des
crédits, pour leur fonctionnement, leur seront accordés après intervention du ministère de la Guerre auprès du ministère des Finances. Malgré
l'esprit guerrier de leurs éléments, les unités des tAM ne seront pas engagées immédiatement dans des opérations militaires contre les tribus « non
4. SHD, Anonyme.
5. Les goums mixtes marocains sont des unités permanentes mixtes d'infanterie et de
cavalerie, recrutés par engagement dans les tribus soumises au protectorat. elles sont encadrées par les officiers du service des Affaires indigènes et des gradés instructeurs français
et indigènes des troupes régulières. Cependant, les goums mixtes marocains n'ont rien de
commun avec les goums algériens que le nom.

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