Un mythe du contentieux administratif que les administrateurs et juges du Conseil d'État soient dans les mêmes bâtiments et avec le même nom : il y a ici une apparence très clairement négative. Raison pour laquelle le Conseil d'État luxembourgeois en 1996 à la suite de l'arrêt Procola est devenu conforme à sa dénomination originelle : il n'est désormais « que » conseil et parallèlement on a créé un ordre juridictionnel administratif. La France elle s'est contentée du décret précité de mars 2008 ! Et, si l'on regarde alors l'espace méditerranéen, presque tous les États qui avaient été conquis par le premier modèle français de Justice administrative ont abandonné cette dualité fonctionnelle interne ; on y parle alors davantage de Cours administratives comme la Haute cour Administrative de Croatie ou de Chambre administrative d'une Cour suprême comme en Albanie ; à Chypre ; en Slovénie... Récemment - en 2014 - la Tunisie a même lancé sa Haute cour administrative. Seuls des pays comme l'Algérie, l'Égypte ou la Libye ont conservé cette dualité dont - selon nous - la France devrait elle aussi - se séparer. III. À qui profite le mythe ? Au Conseil d'État, gardien de ses prérogatives, de la sécurité juridique et de son Histoire ! Toute institution qui a du pouvoir... - Il ne sera pas toujours aisé, en parcourant les dix mythes du droit public que nous nous proposons d'exposer de trouver à chaque hypothèse un acteur à qui « profite » directement et évidemment un mythe énoncé. En l'occurrence, et une fois ne sera pas coutume, l'acteur-clef du présent chapitre est le Conseil d'État lui-même. Né administration consultative, il est devenu conseil et juge mais cette double fonction qui a été sa gloire le dessert désormais (A). Provoquant une forme de malaise 253