Un mythe républicain : « La Laïcité est un principe constitutionnel » B. Quelle est vraiment la valeur normative du principe dit constitutionnel ? Une Loi constitutionnalisée ? - Finalement, ce qui choque peut-être le plus le juriste en matière de Laïcité, c'est que la Loi du 9 décembre 1905 semble parfois considérée comme législative (ce qu'elle est) et parfois paraît élevée au rang constitutionnel (ce qu'elle n'est a priori pas). Nous pensons qu'effectivement les Lois de la IIIe République ont posé des principes et des règles et que la Laïcité en tant que telle est un simple objectif qui les gouverne et les entoure. Le Conseil d'État lui-même explique ainsi (dans son rapport annuel « Un siècle de laïcité » pour 2004 (EDCE)) que la seule Loi de 1905 matérialise la « clef de voûte » du principe de Laïcité. Pour autant la Loi de 1905 n'est pas le principe constitutionnel et chacun reconnaît qu'avant d'être juridique, la Laïcité est avant tout « mythique et symbolique » (Émile Poulat (1920-2014) (Scruter la loi de 1905. La République française et la religion, Fayard 2010)) ou encore propre à notre identité républicaine. Toutefois, en réaffirmant que la Loi de 1905 n'est pas assimilable à la totalité du principe dit constitutionnel de Laïcité, on évite plusieurs erreurs car il faut effectivement distinguer la Loi de la Constitution. C'est bien parce que la Constitution est supérieure à la Loi qu'il faudrait - selon nous - que certains des articles ou plutôt des interprétations qui en sont faites soient reconnues contraires à la Constitution. Sinon, l'on nie l'essence constitutionnelle de la Laïcité pour n'en faire qu'un principe juridique législatif (et dans cette hypothèse bon nombre d'exceptions ne sont plus choquantes). En effet, ce qu'on appelle Laïcité ce sont essentiellement les dispositions de 1905 : ne pas salarier de ministres du culte/ne pas financer de cultes/ne pas exposer d'emblèmes religieux dans l'espace public. 79