Systèmes - Syndicalisme et droits syndicaux - 1re - 27

Jalons pour une histoire stylisée du syndicalisme

s'appelle la Confédération française de l'encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC). Le ministère du Travail n'était pas très favorable
à la constitution de la CGC. Il fit de la résistance pour admettre la représentativité du syndicat. Mais à la suite des succès indéniables aux élections professionnelles, les pouvoirs publics finirent par reconnaître la représentativité de la CGC à l'été 1946.

2. La troisième scission et la création de la CGT-FO
13. Les péripéties qui conduisirent à la scission de 1947 sont un écheveau complexe dont il importe, d'en comprendre les enjeux et de les replacer dans le contexte politique national, voire mondial, car après le départ du
général de Gaulle prennent place les nombreux épisodes accouchant de la
IVe République. Les élections législatives font du parti communiste le premier parti de France puisqu'il dépasse 150 députés dans une chambre pourtant balkanisée. Cette influence à la fois puise sa source dans la tendance
communiste de la CGT et en même temps par un mouvement de retour
conforte la place de ces derniers dans la CGT. Dans le contexte mondial
des débuts de la guerre froide, le plan Marshall est à la fois prétexte et
occasion de dénoncer « l'impérialisme américain » pour la tendance communiste de la CGT, pour qui ce plan serait le cheval de Troie d'une domination des États-Unis voulant contrer l'influence toujours croissante de
l'Union soviétique. C'est qu'en trois ans, l'URSS s'est constituée un glacis
autour d'elle, précieux rempart entre les démocraties libérales à économie
de marché et les régimes totalitaires à économie de plan. Le décor de la
pièce étant posé, le reste n'est qu'une suite de manœuvres des uns et des
autres pour asseoir une majorité claire à la CGT. À ce jeu, on le sait, la lutte
est bien inégale entre un Jouhaux qui se pense meilleur tacticien qu'il ne
l'est en réalité et les amis de Benoît Frachon qui dans l'exercice du noyautage ont une pratique exemplaire en termes d'efficacité. Si bien que, lorsque
le premier congrès confédéral de la CGT réunifiée d'après-guerre se
déroule en avril 1946, les communistes disposent d'une majorité de l'ordre
de 80 %. Ils maintiennent au secrétariat général une égalité théorique entre
Jouhaux et Frachon mais au gouvernement de la CGT, la commission administrative, ils disposent d'une claire majorité. Jouhaux adopte la même stratégie qu'après le Front populaire. Il se dit qu'il s'agit de gagner du temps et
que le reflux inévitable de l'évaporation de deux ou trois des cinq millions et
demi de syndiqués de la CGT videra largement la tendance communiste. La
tactique est la suivante : « Patience et longueur de temps font plus que force
ni que rage ». Mais ce qui est vrai chez le fabuliste ne l'est pas quand il s'agit
de professionnels comme les militants marxistes-léninistes. Les très
fameuses grèves dites insurrectionnelles18 vont être l'occasion de la scission. Le tournant est le comité confédéral de la CGT de mi-novembre 1947
dans lequel Jouhaux et ses amis ne peuvent empêcher la majorité de
condamner le plan Marshall. Depuis la fin de l'année 1945, Jouhaux avait
18. Selon J. Moch, ministre de l'Intérieur SFIO du gouvernement Ramadier.

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