Droits africains - Le droit de l'Union africaine - 1re - 19

INTRODUCTION 19

L'avènement de l'Union africaine est en quelque sorte l'aboutissement
de cet idéal, bien qu'elle ait connu en réalité deux naissances : celle de
la Conférence au sommet des États indépendants d'Afrique tenue à
Addis-Abeba en Éthiopie (23 mai 1963), qui instituait l'organisation panafricaine et postcoloniale, l'Organisation de l'unité africaine (OUA), et la
naissance-transformation par laquelle l'Union africaine (UA) voyait le
jour le 11 juillet 2000. On se souviendra que Kwame Nkrumah, en plus
de demander l'indépendance immédiate de l'Afrique, prônait la formation d'une identité supranationale, les « États-Unis d'Afrique », qui permettrait au continent de devenir l'une des plus grandes puissances au
monde. Mort en 1972, ses idées devraient en partie au moins aboutir
avec la tenue du sommet des États indépendants d'Afrique, à AddisAbéba en 1963. Outre son œuvre bien connue sur l'antériorité des civilisations nègres (1967) tendant à identifier le caractère négro-africain de
l'Égypte pharaonique, l'historien Cheikh Anta Diop - disparu en 1986 - a
laissé une importante préoccupation théorique réfléchissant sur le fondement d'une unité africaine22.
6. La continentalisation administrative. - Le principe de la création d'une
organisation continentale dotée d'une administration efficace est apparu
très tôt, dès les indépendances africaines en 196023. Il a semblé nécessaire
« d'avoir un organisme spécialisé pour faciliter et coordonner sur un plan
continental les programmes économiques, et pouvoir se doter d'un mécanisme pour répartir l'assistance économique entre les pays africains »24.
Cette proposition du souverain éthiopien est révélatrice des idées qui
préoccupent les dignitaires africains à cette période.
Elle met en valeur quelques idées :
- le renforcement de la coopération multilatérale qu'expriment la naissance et l'action des Nations unies depuis 1945 a un effet rassurant sur
le plan universel, puisque cette coopération semble efficace sur des
États qui, jusque-là, s'en tenaient à des approches bilatérales. Ce renforcement s'est accompagné pour l'Afrique d'un ensemble d'attributions en
22. Cheikh (A.-D.), Les Fondements économiques et culturels d'un futur État fédéral d'Afrique Noire, Présence africaine, 1974, 124 p.
23. Depuis au moins la fin du Moyen Âge est attestée l'existence de relations foisonnantes et
d'échanges importants entre les différentes régions africaines, entre chefferies et collectivités
politiques. Il reviendrait aux historiens d'établir l'organisation générale de ces relations. Voir
à ce sujet, Devisse (J.), en collaboration avec Labib (S.), « L'Afrique dans les relations intercontinentales », in Histoire générale de l'Afrique, op. cit., p. 689 ; Cheik Anta Diop (C.), Antériorité
des civilisations noires, mythe ou vérité historique ?, Présence africaine, 1967 ; Sayed (H.), « Egypt's
Relations with the Rest of Africa », in Histoire générale de l'Afrique, op. cit., p. 137.
24. M. Hailé Sélassié Ier, Conférence au sommet des pays indépendants africains, Présence africaine,
mai 1963, p. 14.

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