Clefs - Une société de communication ? - 6e - 70

Le mythe « Société de communication »

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découvriront en 2009 un système informatisé de lecture des plaques
minéralogiques (ANPR) depuis des véhicules de police qui rend
possible la traçabilité des mouvements d'une bonne part du parc automobile. Le vieux code-barres qui identifiait un type d'article (une
chemise de marque X, bleue, encolure 42) se voit remplacé par les
puces à radiofréquence (RFID). Pour moins de huit centimes d'euros
pièce, elles individualisent chaque exemplaire vendu (ex. : chaque
valise dans un aéroport ; le magasin vendeur et la date de vente).
L'acquéreur pourra donc être suivi à chaque fois qu'il passera près
d'une borne de lecture dans un magasin. Porteur, sans toujours le
réaliser, d'un « boisseau » de puces insérées dans un manteau, une
carte de crédit, un téléphone, tout entrant dans un magasin peut voir
son pouvoir d'achat analysé (a-t‑il une Visa Platinum ?), ses mouvements suivis. Le fantasme de traçabilité permanente produit par les
scanners visuels du film Minority Report n'aura pas à attendre 2054
pour se réaliser. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook n'a-t‑il
pas soutenu en 2010 lors des « Crunchies awards » que l'idée de vie
privée était une « norme dépassée » et que son réseau social brouillait
définitivement la frontière de l'intime et du public ?
La gestion des « traces » électroniques que laisse une navigation
sur le net, un portable qui « borne », une carte de crédit, un pass
Navigo, celle des images que capturent plus d'un million de caméras
de surveillance en service en France sont devenues un enjeu majeur de
libertés publiques. Un juriste autrichien qui avait exigé de récupérer
toutes ses données Facebook a reçu 1 200 pages de texte. Accessible
sur le net, une photo de soirée alcoolisée ou de présence à la tribune
d'une réunion publique peut poser problème lors d'un entretien d'embauche, d'une candidature électorale, au point que des entreprises
de nettoyage ont été créées, faisant disparaître ou plonger dans les
profondeurs du classement Google des documents gênants. La menace
n'est pas qu'individuelle, quand des masses gigantesques de données
sont volées, vendues ou utilisées abusivement comme dans l'affaire
Cambridge Analytica en 2016, où les données de 87 millions de
personnes tombent, à leur insu, aux mains de l'équipe de campagne
de Trump. Un second enjeu, encore peu débattu, tient au paradoxe de
ce que ces données sont le fruit du travail digital volontaire des internautes qui rendent visibles des préférences idéologiques, des goûts,
des activités en commandant sur Amazon, en postant un commentaire
sur Trip Advisor ou par leur historique de navigation rendu transparent par les cookies. Ce faisant, ils dévoilent des pratiques et choix
personnels, mais produisent aussi savoirs et valeurs par leur travail
numérique (Casilli, 2019) en classant des restaurants, en signalant
un éclairage public en panne sur FixMyStreet, en rendant possible
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