Le thème (232). Autre attitude : celle du compromis, et non de la compromission. C'est celle que Jarde tente d'expliquer à Danthès en lui soufflant qu'« il faut s'arranger avec les deux mondes, le faux, qui existe, et le vrai qui n'existe que comme une déchéance » (361). Tout porte à penser que l'Europe ne pourra exister comme mythe que si celui-ci parvient à conjuguer sa nature mensongère avec une prise en compte du réel, si sa mauvaise foi et son illusionnisme sont mis au service d'un combat contre l'immuable du monde. Il s'agit de prendre conscience et d'assumer lucidement le divorce entre l'Europe comme mythe et l'Europe comme réalité, entre l'Europe comme valeur et l'Europe comme fait, pour susciter le désir de rédimer cet écart. Seule une Europe assumant son illusion et sa crise permanente pourra prendre en charge la réalité qu'elle est pour lui opposer, fût-ce sous les auspices d'une attitude révolutionnaire, l'idéal qu'elle vise afin de se transformer. Europa est donc à la fois désillusion face aux hypocrites mensonges et célébration du mythe lorsqu'il se fait imposture créatrice et libératrice. Le mythe est ce qui peut sauver le mythe s'il ne se vautre pas dans la pure abstraction. Le vers est certes dans le fruit mais le remède est dans le mal... Droit & Littérature - Numéro 4 Livre_D&L4.indb 199 199 17/06/2020 17:31:25