Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 111

ANToINe PÉLICAND
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paix au milieu des années 183019
- et cinq au début des années 1860. elles
sont lancées par de jeunes avocats parisiens, seulement parfois secondés
d'une personne de confiance. La diffusion du périodique est le moyen de
toucher une clientèle éparpillée sur le territoire et en proie à un sentiment
d'isolement, et de lui exposer, au travers de références explicites dans les
articles ou simplement en quatrième de couverture, un catalogue plus étoffé
de manuels et d'aide- mémoires. Souvent d'ailleurs, la revue est directement
organisée de manière à actualiser un répertoire ou une encyclopédie publié
au départ et qu'il devient alors nécessaire d'acquérir. L'apparition de ces
nouveaux acteurs apparaît d'autant plus facile que les imprimeurs- libraires
restent très en retrait sur ce marché spécifique de la justice de paix. Dans
leurs catalogues, ils se limitent généralement à proposer une seule référence,
souvent un traité théorique qu'ils rééditent sans assurer d'actualisation
régulière (c'est le cas notamment du manuel de Levasseur). on assiste
souvent à des regroupements de deux ou trois éditeurs pour ces publications,
afin d'en permettre une large diffusion et, sûrement aussi, de mieux
en supporter les coûts de fabrication. La stratégie des avocats challengers
ne nécessite pas alors d'être particulièrement agressive puisque l'offre
proposée jusqu'alors est très mesurée. Juhle de Foulan est le premier à
investir le secteur et son action permet de saisir les logiques de ces nouveaux
entrepreneurs. Ancien président du tribunal civil de Moulins devenu avocat
à Paris, il se fait la main sur un marché connexe avec la publication en 1819
d'un Recueil de jurisprudence annuelle et spéciale concernant les huissiers.
Puis il lance la première revue Le journal spécial des justices de paix en 1821.
Dans le sillage du périodique, il publie ensuite six ouvrages (sans compter
les rééditions) jusqu'à la fin des années 1830 qui ne sont que des outils
pratiques (codes, dictionnaires, recueil alphabétique, lois et formules nécessaires...).
Toutes les publications sont éditées directement par le « bureau
du journal », sans s'appuyer sur des libraires déjà installés. Cette stratégie
est d'ailleurs source de tensions puisqu'en 1826, Julhe de Foulan réédite
une version actualisée du manuel de Nicolas Levasseur pour le compte du
Journal spécial en contournant les éditeurs classiques. Il s'ensuit un procès
pour contrefaçon intenté par l'éditeur Barnabé Warée qui se solde par un
jugement en 1831 favorable à de Foulan20
.
Pour autant, malgré leurs attraits, ces nouvelles parutions apparaissent
d'une grande technicité et prennent peu en considération les réalités du
travail judiciaire sur le terrain. elles mettent à disposition des juges de paix
des outils juridiques (commentaires de la jurisprudence ou des codes) et
19. Le Journal spécial des juges de paix (1821-1852), Le juge de paix. Recueil de jurisprudence
civile et de police (1831-1851), le Bulletin des justices de paix (1833-1861), les Annales
de la science des juges de paix. Journal de jurisprudence (1834-1852).
20. Factum. Observations pour M. de Foulan, Paris, Pilhan Delaforest, 1831.

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