Contextes - L’histoire de l’édition juridique (XVIe-XXIe siècle) - 206

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ÉDITeR PouR CRITIQueR
qui travaillent sur le droit et la politique. L'hypothèse est que ce courant
existe, mais qu'il faut l'organiser ». Conformément à l'esprit militant de
CD, la collection doit être dirigée par un collectif ; Fr. D'Arcy (il ne restera
pas6
), M. Bourjol, Ph. Dujardin, J.-J. Gleizal, A. Jeammaud et M. Miaille
composent le comité de direction choisi au sein de l'assemblée générale
des enseignants chercheurs qui adhèrent au projet de collection (précisant
que la collection n'a pas vocation à être dirigée que par des titulaires). en
guise d'inauguration, et conformément à une décision arrêtée lors de la
réunion constitutive, la collection s'ouvrira par un manifeste : Pour une
critique du droit est le premier volume de la collection Critique du droit
née de la collaboration initiale entre les Presses universitaires de Grenoble
et François Maspero.
Au gré de changements d'éditeurs et de difficultés pratiques, 13 volumes
seront publiés. Pour prendre la mesure de cet épisode éditorial de l'histoire
de la pensée juridique contemporaine, rappelons les ambitions, les modalités
et les difficultés du programme éditorial de CD, développé en marge
des circuits classiques de l'édition juridique.
I - UNE COLLECTION NOMADE :
LES ÉDITEURS DE LA COLLECTION
Les années 60/70 connaissent une explosion des livres politiques et de
sciences humaines qui accompagnent et soutiennent les évolutions sociales.
Dans le passage des textes aux livres, la présentation des idées et leur diffusion
sont tributaires de la position des éditeurs dans le monde éditorial, et
des directeurs de collection dans le monde intellectuel7
. Dans cette période
6. La lettre de démission justifie son départ par « l'orientation de la collection à privilégier
plus que je ne l'aurais souhaité le marxisme comme base de la critique du droit. Je pense
personnellement que, au plan universitaire où nous nous situons, le marxisme a eu ces
dernières années une efficacité indéniable : dans toutes les disciplines où il s'est répandu
(sociologie, économie, histoire...). Il a permis de sortir des schémas intellectuels dominants.
en revanche, la preuve n'a pas été faite que le marxisme puisse être utilisé comme fondement
unique ou principal de théories nouvelles. La place faite au marxisme dans la collection
conduit à ce que se reproduise dans les facultés de droit, avec une dizaine d'années de retard,
le processus qui se déroule actuellement dans le reste de l'université ». en conclusion, il
ajoute : « Si j'avais pu, comme je l'espérais, disposer de davantage de temps, j'aurais pu au
sein du comité de direction travailler pour approfondir mon point de vue. Mais cela ne me
sera pas possible. Pour éviter les ambiguïtés que ma présence susciterait, je préfère donc me
retirer. Je n'en souhaite pas moins la réussite de la collection qui contribue à diversifier les
courants au sein des Facultés de droit » (21 septembre 1978) ; AM Lyon, 247 II 1.
7. Illustration topique dans R. Lebaron, « La librairie M. Rivière, entre science, économie
et politique », Les cahiers du Centre de recherches historiques, 31-2003 (en ligne, https://
doi.org/10.4000/ccrh.295).

http://https:// http://www.doi.org/10.4000/ccrh.295

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