L'organisation de la justice constitutionnelle en Europe s'engage à voter pour le candidat qu'il propose. L'élection est donc le résultat de négociations et d'accords politiques entre les partis parlementaires de la majorité et de l'opposition. L'intérêt de ce système réside plus exactement dans le fait que l'accord politique exigé par la contrainte de la majorité des deux tiers interdit la monopolisation des cours par une même famille de pensée, et garantit la représentation des principaux courants d'opinions juridiques et politiques. Par ailleurs, la participation des élus du peuple à la désignation des personnalités qui doivent juger leur travail est de nature à mieux fonder la légitimité démocratique de la justice constitutionnelle. ■■ Le système de nomination La France est le seul État européen où les membres de la juridiction constitutionnelle procèdent de la nomination à la discrétion des autorités politiques. Les neuf membres nommés pour neuf ans le sont par le président de la République, le président de l'Assemblée nationale et le président du Sénat. Le renouvellement intervient par tiers tous les trois ans, chacun des présidents désignant un membre tous les trois ans. Depuis 2008, ces nominations doivent être précédées d'un avis public des commissions parlementaires compétentes rendu après une audition des personnalités choisies par les autorités de nomination. Il n'est pas possible de procéder à la nomination « lorsque l'addition des votes négatifs dans chaque commission représente au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés au sein des deux commissions » (art. 13 C.). Autrement dit, les parlementaires n'ont pas besoin de confirmer les choix des autorités nommantes ; ils peuvent seulement s'y opposer, mais à des conditions de majorité tellement élevées que l'hypothèse d'un veto reste illusoire. Ce système reste discutable car il laisse une appréciation discrétionnaire trop importante aux autorités politiques. Dès lors, les nominations pour services rendus à une majorité gouvernementale ou en raison d'un cursus honorum parlementaire persistent alors même qu'avec l'entrée en application de la QPC, le Conseil constitutionnel s'est imposé pleinement au sein du paysage juridictionnel. Pire : l'arrivée des anciens Premiers ministres (trois depuis 2015) trouble l'image de l'institution car 47