Droits africains - L'avocat dans l'espace Ohada - 1re - 14

14 L'AVOCAT DANS L'ESPACE OHADA

En tout premier lieu, l'absence d'un ordre des avocats près la haute juridiction communautaire (CCJA) n'est pas le meilleur gage d'un exercice professionnel efficace. En second, la diversité et la disparité des règles relatives
à l'accès à la profession d'avocat, à la discipline applicable aux avocats et à
la formation professionnelle sont des sources réelles de rupture d'égalité et
de discordes entre des professionnels. Or, ceux-ci poursuivent par ailleurs
les mêmes objectifs en vue de construire un « État de droit des affaires »
cohérent et attractif pour les investisseurs. Enfin, une telle situation peut
être un réel frein quant aux performances d'un droit communautaire harmonisé et efficace. La présence des défenseurs de « l'État de droit des affaires » que sont les avocats de manière générale, et plus encore lorsqu'ils agissent en matière de droit des affaires, est indispensable pour assurer un
développement économique et social harmonieux du continent.
Le rôle et la mission des avocats sont aussi importants qu'il est nécessaire de
les consolider dans une démarche d'« harmonisation » et de consolidation
des cadres juridiques et d'exercice professionnel.
Dans le contexte de l'Ohada, les avocats sont les paravents directs de la
Cour commune de justice et d'arbitrage (CCJA). L'absence d'un ordre
des avocats près la CCJA, pourtant indispensable, constitue un manque
dans la dynamique d'une bonne administration et distribution du service
public de la justice communautaire.
Cette vision de l'évolution des avocats de la communauté Ohada est celle
que j'ai voulu partager dans cet ouvrage. Une évolution basée en premier
sur une certaine idée de la solidarité entre avocats, porteurs de robes noires, certes issus de territoires distincts, mais qui n'ont plus aucune frontière
qui les sépare tout au moins en droit. Elle est ensuite basée sur l'idée d'une
communauté d'avocats, professionnels du droit, dédiés au service de leurs
clients. Enfin, une évolution basée en dernier d'évidence que l'évolution du
droit des affaires, intimement liée au développement économique, tient
également à une présence régulière, constante de professionnels alertes,
efficaces que formés et compétents.
Une telle vision est une idylle pour une communauté des avocats « préparés » dans un même moule, s'inspirant de pratiques professionnelles tirées
pour l'essentiel de la même source, inscrits sur un même tableau, appartenant à un même ordre, qui se déplacent d'une juridiction à une autre de la
communauté, au gré de la poursuite du règlement de leurs affaires et pour
le seul bonheur de leurs clients.
Je dédie le présent ouvrage en premier au Bâtonnier Seydou Ibrahim
Maïga du Mali. Seydou Ibrahim Maïga est décédé dans la fleur de l'âge,
tout juste à la fin de ses deux mandats successifs, au service de l'Ordre des
avocats du Mali. Il s'était fixé un grand dessein et des objectifs majeurs pour
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