CONCLUSION DU CHAPITRE 1 236. L'abus de droit étant une notion protéiforme, elle est confrontée dans tous ses domaines d'applications à d'autres concepts plus précis qui jouent un rôle similaire et peuvent la concurrencer voire la supplanter. Cette concurrence peut tout d'abord prendre la forme d'une norme ou d'une notion analogue qui ne constitue qu'une mise en œuvre de l'abus de droit dans un domaine spécifique. Tel est notamment le cas du détournement de pouvoir qui constitue l'une des acceptions de la notion plus vaste qu'est l'abus de droit. Dans d'autres hypothèses, elle se manifeste par l'émergence de normes plus précises qui acquièrent une véritable autonomie et se substituent à l'abus de droit. Dès lors, il n'y a plus vraiment de « concurrence » mais une prévalence des normes plus précises qui rendent la notion d'abus de droit obsolète. Leur application sera favorisée du fait de leur spécificité et en raison du fait que leur violation emporte des conséquences juridiques plus certaines. 237. L'existence de ces notions et règles autonomes met en exergue le fait que l'abus de droit est une notion qui se décline et qui ne présente qu'un caractère transitoire. Son utilisation paraît moins pertinente dès lors que la réglementation internationale se développe et se précise. L'utilité de l'abus de droit dans l'ordre juridique international n'en est pas pour autant réduite, car le champ d'application de ces normes reste limité : aussi nombreuses soient-elles, les obligations qui émergent progressivement ne peuvent recouvrir la multiplicité des hypothèses de l'abus de droit. Cette remarque conduit cependant à s'interroger sur l'influence des notions plus vastes, qui pourraient absorber la notion d'abus de droit et lui ôter tout intérêt.